mardi 28 juin 2016

Bartabas, roman (2005)

Chronique express!


Au fil de mes lectures, Jérôme Garcin m'a un peu agacée avec son style grandiloquent et son équitation un peu snob, mais il n'en reste pas moins un écrivain qui parle de chevaux et je continue donc d'acheter ses livres si je les rencontre d'occasion. Celui-ci vient, si je ne me trompe pas, d'une bouquinerie lyonnaise absolument merveilleuse. C'est une biographie romancée et fragmentaire de Bartabas, le célèbre artiste équestre de Zingaro. Si j'admire – forcément – l'artiste, j'ai depuis longtemps une piètre opinion de l'homme, que j'ai vu parler à d'autres cavaliers comme à des chiens dans des bouts de reportage, avec une attitude virilement méprisante qui condense une bonne partie de ce que je n'aime pas dans le monde du cheval. L'œuvre de Jérôme Garcin n'a pas tellement fait évoluer mon opinion; j'ai vraiment l'impression que Bartabas a une très haute opinion de lui-même et j'ai du mal à croire, comme le dit l'auteur, que c'est en réalité un grand timide! Il n'empêche que découvrir son parcours a été très intéressant, même si, à son habitude, Garcin parle aussi beaucoup de lui. C'est un peu comme lire Limonov de Carrère, une biographie qui vous en apprend autant sur son auteur que sur son sujet. On y croise bien entendu des chevaux superbes et, malgré le style grandiloquent précité qui me fait croire à une certaine "pose" d'intellectuel parisien, des passages authentiques et émouvants qui débordent d'amour du cheval. Par exemple, le chapitre "Je me souviens" est un très bel hommage aux chevaux qui ont fait Zingaro. Une lecture que je recommande donc aux cavaliers et amateurs de spectacle équestre!

Livres de l'auteur déjà chroniqués sur ce blog

samedi 25 juin 2016

The Black Tower (1975)

Chronique express!


"It was to be the consultant physician's last visit and Dalgliesh suspected that neither of them regretted it, arrogance and patronage on one side and weakness, gratitude and dependence on the other being no foundation for a satisfactory adult relationship however transitory."

On reconnaît certains écrivains comme une odeur: dès la première phrase de la première page, il ne faisait pas le moindre doute que je retrouvais P. D. James, une écrivain que j'aime et admire. The Black Tower est une enquête en huis-clos classique qui se déroule dans une institution pour adultes handicapés isolée en bord de mer dans le Dorset. Adam Dalgliesh, le détective habituel de P. D. James, rejoint un vieux prêtre qu'il n'a pas vu depuis vingt ans, seulement pour découvrir en arrivant que le prêtre vient de décéder. L'atmosphère est tendue dans l'institution et Dalgliesh se demande bien vite si cette mort était vraiment naturelle. J'adore l'atmosphère sombre et macabre des bouquins de P. D. James, ses personnages torturés et pétris de mauvaise volonté et d'égoïsme décrits avec une grande finesse psychologique (de la finesse dans la méchanceté, la bassesse, la peur, la souffrance et les doutes, vous voyez?) et j'adore mener l'enquête avec Dalgliesh – car normalement le lecteur a les mêmes informations que l'enquêteur, si ce n'est plus, et peut donc faire fonctionner ses méninges en même temps. Du coup, je me suis régalée avec ce bouquin, comme toujours. Le seul petit reproche que je lui ferais, c'est que l'action accélère un peu trop à la fin, comme s'il fallait soudain venir à bout de l'intrigue. C'est une remarque que j'ai déjà faite pour d'autres polars et je trouve ça un peu dommage. Mais à part ça, que du bonheur.

mercredi 22 juin 2016

Île de Pâques, Terra Incognita (2012)

Il y a quelques années, des copains ont offert ce livre à mon Homme, qui porte un tatouage de Moai. C'était une surprise totale de le retrouver dans la bibliothèque quand on a emménagé et c'est le premier livre de l'Homme que j'ai commencé à lire pendant notre vie à deux – même si j'ai lu Ils ont tué mon disque! beaucoup plus vite et qu'il est donc passé en premier sur le blog.


Cet ouvrage de Micheline Pelletier est un beau livre de salon, un grand format rempli de superbes photos de paysage qu'on peut feuilleter de temps en temps en sirotant son café sur le canapé, mais aussi une vraie étude historique sur l'île de Pâques. Il en résulte surtout qu'on ne sait pas grand-chose sur cette île célèbre, la plus isolée au monde: on ne sait pas quand est-ce que l'homme y est arrivé, on ne sait pas grand-chose de la civilisation qui a dressé les célèbres Moai, on ne sait pas vraiment pourquoi ce culte a été abandonné, on ne sait pas non plus grand-chose sur la civilisation qui a suivi, avec le culte de l'homme-oiseau... Les choses se précisent un peu avec les explorateurs européens et surtout le XXe siècle, mais bien sûr c'est le passé mystérieux et opaque qui fait rêver!


Ce livre est une véritable invitation au voyage: j'ai rêvé les yeux grands ouverts de ces espaces nus et sauvages, comme hors du temps, et de ce qu'on doit ressentir quand on se trouve face aux yeux vides de ces Moai silencieux. Je voyage peu et il est peu probable que j'aille un jour à l'autre bout du monde, mais impossible de ne pas se dire que ça vaudrait le coup d'économiser dans ce but...




dimanche 5 juin 2016

La gamelle de mai 2016

Un mois intense dans ma vie personnelle et pas trop mal point de vue culturel. Mon déménagement a concentré mes efforts et j'ai l'impression qu'on en verra jamais le bout, mais la vie continue tant bien que mal!

Sur petit écran

Le crime est notre affaire de Pascal Thomas (2008)


Maintenant que j'ai emménagé avec l'Homme, j'ai la télé! Je ne suis pas du tout ravie de cette évolution, mais avec ce film j'ai été plutôt contente de m'étaler devant l'écran. Il est juste trop génial. Le couple Frot-Dussolier est tellement excellent et c'est tellement drôle, avec une toute petite pointe d'inquiétude très bien amenée.

Les trois premiers Die Hard
L'Homme adore ces films et je les ai regardés d'un oeil en comatant sur le canapé. Rien de très folichon. Je les découvre probablement avec trop de retard pour les apprécier pleinement et la VF n'a pas aidé.

Sur grand écran

Captain America: Civil War de Anthony et Joe Russo (2016)


Le film de super-héros qui m'a limite réconciliée avec le genre! Pas trop d'explosions et de destruction massive dans tous les sens, présence d'un propos autre que "il faut sauver le monde", méchant beaucoup plus intelligent que puissant et bien sûr l'humour Marvel habituel, notamment avec l'excellente apparition de Spiderman: franchement, j'ai aimé. J'ai même cru voir une amélioration du traitement des personnages féminins, il m'a semblé que la Veuve noire passait moins de temps avec des décolletés pigeonnants, était plus bagarreuse et prenait moins de poses sexys pendant ses combats. Mais j'en retiens surtout la figure de Captain America, que j'aime vraiment beaucoup pour sa droiture et sa bienveillance et qui me rappelle énormément Buffy et Angel (mais en moins torturé bien sûr).
J'attends donc la suite avec impatience, ce qui est tout de même rigolo pour quelqu'un qui dit depuis des mois "je n'en peux plus des super-héros". Entre ces Vengeurs et Wonder Woman qui arrive, je trépigne un peu!

Eddie the Eagle de Dexter Fletcher (2016)
Un film très bien et très sympa sur un skieur anglais qui a réussi à aller aux JO en 1988 malgré l'opposition de ses proches et de sa propre fédération sportive. L'histoire a probablement été romancée (on se demande notamment comment le monde entier peut se mettre contre une seule personne avec autant de systématicité), mais c'est un beau parcours plein de simplicité humaine et d'humour. C'est vraiment un bon feel good movie, un truc qui est censé te mettre du baume au cœur sans être excessivement naïf non plus. J'étais de super mauvais poil ce jour-là et ça n'a pas suffi à me faire changer d'humeur, mais c'était vraiment bien.

Adopte un veuf de François Desagnat (2016)
Film français rigolo. J'ai passé un bon moment. Ce n'est pas non plus un souvenir impérissable, j'étais plus emballée sur le coup qu'une semaine après.

Money Monster de Joddie Foster (2016)
Une bonne suprise pour ce film que je ne voulais pas vraiment voir. Julia Roberts m'a plutôt convaincue et George Clonney était pas mal après un début un peu forcé. On voit que c'est une femme à la réa, il y a pas mal de femmes à droite et à gauche dans des rôles qui auraient été attribués à des hommes dans d'autres films.

Du côté des séries

Le premier épisode de la saison 3 de Penny Dreadful. Trop de bonheur. Je suis complètement hystérique que ça ait repris, j'ai vraiment poussé des "hiiiii" stridents devant la télé.

Et le reste

J'ai lu quelques vieux numéros d'Esprit Yoga prêtés par ma prof et le Cheval Mag de juillet.

"Tchou bisous!"

vendredi 3 juin 2016

Fort comme la mort (1889)

Chronique express!


C'est toujours un plaisir de retrouver Maupassant, qui reste un de mes écrivains préférés et une valeur sûre (même si je redécouvre en relisant ma chronique de l'année dernière que j'avais trouvé Mont-Oriol un peu en-deçà de ses autres œuvres). Fort comme la mort est une de ses dernières œuvres, publiée quatre ans avant son décès. C'est un portrait assez sombre d'un couple, un peintre et une comtesse amants depuis de nombreuses années et progressivement confrontés à leur vieillissement. S'ils savent bien que le temps passe, ils en prennent tout particulièrement conscience lors de l'entrée dans le monde de la fille de la comtesse, portrait vivant de sa mère telle qu'elle était quand elle avait commencé à fréquenter le peintre. L'évolution de l'histoire est assez évidente et j'ai craint qu'elle ne soit particulièrement glauque, mais Maupassant a soigneusement évité le malsain et produit un livre super triste sur le malheur du temps qui passe (même si l'obsession des personnages pour leur jeunesse est tellement extrême qu'elle en devient peu compréhensible. Je crois qu'on peut vieillir plus sereinement!), avec sa plume habituelle qui en fait un plaisir de lecture absolu.

Deux passages que je ne veux pas oublier:

"[...] ils passèrent devant une jeune femme assise sur une chaise, un livre ouvert sur les genoux, les yeux levés devant elle, l'âme envolée dans une songerie.
Elle ne bougeait pas plus qu'une figure de cire. Laide, humble, vêtue en fille modeste qui ne songe point à plaire, une institutrice peut-être, elle était partie pour le Rêve, emportée par une phrase ou par un mot qui avait ensorcelé son cœur. Elle continuait, sans doute, selon la poussée de ses espérances, l'aventure commencée dans le livre.
Bertin s'arrêta surpris:
'C'est beau," dit-il, 'de s'en aller comme ça.'
Ils avaient passé devant elle. Ils retournèrent et revirent encore sans qu'elle les aperçût, tant elle suivait de toute son attention le vol lointain de sa pensée."

"Ah! les tristes choses! les tristes choses! La pauvre femme! Du fond de ce tiroir, du fond de son passé, toutes ces réminiscences montaient comme une vapeur: ce n'était plus que la vapeur impalpable d'une réalité tarie. Il en souffrait pourtant et pleurait sur ces lettres, comme on pleure sur les morts parce qu'ils ne sont plus."
 
Autres livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog
Contes fantastiques (1875-1890)
 
Clair de lune (1883)
Mont-Oriol (1887)
La Main gauche (1889)

mercredi 1 juin 2016

Ils ont tué mon disque! (2015)

Ils ont tué mon disque! de Benjamin Petrover est une enquête sur l'histoire du disque depuis les années cinquante et plus particulièrement sur la crise du passage au MP3 au début des années deux mille. La première partie porte sur "l'ère du matériel", de Salut les copains aux compiles NRJ des années quatre-vingt-dix, la deuxième sur "l'ère du virtuel". De 1998 à 2005 environ, j'y ai retrouvé mon propre parcours d'ado, de mon tout premier CD acheté avec mon argent de poche (la musique de Titanic pour tout vous dire!) au premier CD gravé par un copain qui avait Internet et un graveur. On termine enfin sur l'évolution la plus récente, les services de streaming qui sont en train de rendre le MP3 presque aussi obsolète que le CD physique.


Avec des extraits d'articles d'époque et des interviews de personnalités des maisons de disques et du milieu de la chanson, cette enquête est vraiment intéressante car elle ne tombe pas dans l'opposition classique "avant tout allait bien puis Internet a tout détruit", mais met pas mal de gris dans un long processus qui a évolué autant à cause du public que des maisons de disques. Par exemple, l'arrivée de la cassette et le passage au CD étaient déjà des crises!

Benjamin Petrover est journaliste et, d'après une rapide recherche Internet, plutôt connu des gens qui ont la télé. Bien entendu, je n'avais jamais entendu parler de lui avant d'ouvrir ce bouquin... :D Il me semble en tout cas qu'il a fait du bon travail. Ce bouquin se lit avec tellement de facilité et d'intérêt que j'ai lu les cent premières pages un soir où j'étais partie pour lire "juste l'intro, histoire de décider si je le lis plus tard"... Et il m'a fait suffisamment réfléchir à ma propre consommation musicale pour que je m'abonne officiellement à Deezer, dont la version gratuite accompagne mes journées de freelance depuis des années. Je conserve le ressenti très ferme que "le numérique, c'est gratuit" – ils est hors de question que je paye un truc immatériel, raison pour laquelle je ne m'intéresse ni de près ni de loin aux liseuses – lâcher 10€ pour un vulgaire équivalent de fichier PDF, POUAH!! –, mais en replongeant pendant des dizaines de pages dans l'époque où je payais plus de 120 francs les dix chansons, je me suis trouvée un peu gonflée de ne même pas lâcher 10€ par mois pour écouter Deezer entre six et dix heures par jour. :D

Une lecture fort instructive donc. Un grand merci à l'amie qui l'a prêté à mon mec!