samedi 31 janvier 2015

Green Manor (2001-2005)

Chronique express!


"16 charmantes historiettes criminelles": la couverture de Green Manor dit tout et le dit très bien. Ce recueil d'histoires de Denis Bodart et Fabien Vehlmann tourne autour du Green Manor, un club londonien des années 1870-1880 dont les membres aiment bien discuter d'affaires mystérieuses, voire tenter de les élucider eux-mêmes. L'ambiance victorienne est franchement géniale et les histoires, bien que courtes, sont très bien construites. La petite chute de fin est sympathique, cruelle ou rigolote, mais toujours parfaitement adaptée. J'ai beaucoup aimé le dessin, ce qui a évidemment une importance primordiale en bande dessinée... Et cette intégrale des éditions Dupuis est un très bel objet qui renforce vraiment le plaisir de lecture.

Encore une victoire de Titoune!!! \o/





jeudi 29 janvier 2015

Mal barré, le rossignol!

Retour en arrière:
Suite à ma réflexion sur le titre français de An Unsuitable Job for a Woman, je vous propose un long billet que j'avais publié en décembre 2010 sur mon ancien blog, alors que je venais tout juste de découvrir P. D. James. Pour info, j'étais en stage à Luxembourg à l'époque et j'avais un nombre assez conséquent de livres en attente de lecture en France.

Aujourd'hui, au Bazar International de Luxembourg, je furette dans un stand de livres usés. Les livres étant en vente à 1,50€ et de nombreuses langues étant représentées, j'envisage de faire fi de mon interdiction d'acheter le moindre livre avant 2011, due à la quantité effrayante de livres qui m'attendent chez moi (interdiction que j'envisage, au passage, d'étendre jusqu'à l'été 2011). En cherchant dans le coin livres policier, où j'espère trouver du P. D. James, je remarque un titre qui me fait sursauter : "Meurtres en blouse blanche". Arf, c'est bien elle, P. D. James, mais en français, et le titre me fait deviner qu'il s'agit du livre que je viens de lire, "Shroud for a Nightingale". CATASTROPHE.

Voilà un cas exemplaire d'une traduction abominable. Il s'agit d'ailleurs plutôt d'une libre adaptation du titre original, mais enfin c'est tout de même abominable. 

Explications.

Le titre anglais, "Shroud for a Nightingale", contient plusieurs niveaux de sens (oui, je sais, là, on dirait que je suis devenue prof dans mon ex-école). Un nightingale, c'est, tout simplement, un rossignol. Un shroud, c'est un linceul. Mais le sens de ce titre va bien au-delà de "suaire pour un rossignol", qui serait, il faut le dire, un principe assez rigolo... Tout d'abord, il y a, je pense, une référence à Florence Nightingale --qui est d'ailleurs nommée dans le livre--, une infirmière britannique de la fin du XIXe. Mais, surtout, l'action se passe dans l'école d'infirmières d'un hôpital britannique, située dans la Nightingale House, un beau bâtiment victorien du parc de l'hôpital, et les étudiantes infirmières qui vivent et étudient dans Nightingale House sont appelées... nightingales. Ha-ha. Voilà le vrai sens du titre : "Linceul pour une étudiante infirmière de la Nightingale House de l'hôpital John Carpenter". Et, en effet, les victimes sont deux étudiantes : la première est tuée pendant une démonstration, en cours, et l'autre dans sa chambre, au sein du bâtiment. 

Voilà donc un titre à rendre zinzin un traducteur. Je m'étais d'ailleurs demandée comment s'en étaient sortis les différents traducteurs de P. D. James... La seule manière de garder le double (ou triple) sens de nightingale (nom de l'oiseau, nom du bâtiment et dénomination des étudiantes de l'école d'infirmières) aurait été de traduire le nom de la maison, et donc le surnom des étudiantes ; mais, bien sûr, rossignol est autrement moins poétique que nightingale, et c'est un masculin en français : il est donc étrange de l'utiliser pour désigner des étudiantes. Solution à éviter à mes yeux. Il était donc inévitable que le traducteur se tourne vers une adaptation du titre ou décide de le changer complètement en faisant référence à l'intrigue du livre.

Mais je refuse catégoriquement "Meurtres en blouse blanche" pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce qu'il attire l'attention sur le meurtrier, et pas sur la victime comme le fait l'auteur (le linceul est bien sûr destiné à l'étudiante morte, pas à la personne qui l'a tuée). Ensuite, parce qu'il indique d'emblée au lecteur encore ignorant que le meurtrier porte une blouse blanche, alors que l'on est amené à soupçonner l'ensemble du personnel de l'hôpital, y compris le personnel qui ne porte pas de blouse blanche (femmes de ménage, jardiniers, gardien, que sais-je).  En plus, car il est à mille années-lumières de la poésie et de la pureté du titre anglais : "Shroud for a Nightingale", pour moi, c'est le génie de P. D. James et son anglais tellement élégant. Enfin, parce que je trouve ce titre vulgaire et accrocheur, comme si l'on s'adressait à un lecteur un peu retardé à qui il faut expliquer l'histoire pour le convaincre d'acheter le livre, et que je me croirais dans un film X : je suis sûre que l'industrie du porno déborde de "Pétasses en blouse blanche" et de "Partouzes en blouse blanche".

Traducteur désespéré ou volonté commerciale de la maison d'édition française ? Je ne sais pas. Mais il me semble en tout cas que ce titre, par sa simplicité et sa banalité, est à même de rebuter le public le plus susceptible d'apprécier l’œuvre de P. D. James, toute en nuances et pleine de mystères...

mardi 27 janvier 2015

An Unsuitable Job for a woman (1972)

Quand son partenaire Bernie Pryde s'ouvre les veines, Cordelia Gray, vingt-deux ans, devient la seule membre de la Pryde Detective Agency. Son premier client lui demande d'enquêter sur le suicide de son fils unique, Mark, qui s'est pendu peu de temps auparavant: il aimerait savoir pour quelle raison le jeune homme a quitté l'université et s'est donné la mort pratiquement du jour au lendemain. Cordelia commence son enquête en se rendant sur les lieux du suicide, tout près de Cambridge. Mais peu à peu, elle acquiert la certitude que les amis de Mark en savent plus qu'ils ne veulent bien le dire et que ce suicide n'en est pas un...


P. D. James est connue pour ses policiers à la "who done it": dans un milieu clos généralement très aisé, un nombre limité de suspects est soupçonné de meurtre. C'est un aussi le cas ici, avec la principale différence que notre enquêtrice entre en scène bien après que la mort ait eu lieu.

J'adore cette ambiance britannique hyper policée et traditionnelle et les alentours de Cambridge étaient tout à fait adaptés à ce genre d'histoire. Mais surtout j'ai retrouvé la plume de P. D. James, qui reste ce que je préfère chez cette auteure: une prose très élégante mais incisive et dure, toute en nuances. Tout ceci n'est guère optimiste, mais j'ai toujours l'impression que la dame a vraiment compris quelque chose à l'humanité...

"The photograph told Cordelia nothing except that for one recorded second at least, he had known how to be happy."

J'aime ses personnages torturés et pleins de doutes, parfois pleins de mauvais sentiments, tellement humains dans leur imperfection. Parfois je me retrouve tellement dans un passage que j'en ai peur!

"Her father had never talked about her mother's death and Cordelia had avoided questioning him, fearful of learning that her mother had never held her in her arms, never regained conciousness, never perhaps even known that she had a daughter. This belief in her mother's love was the one fantasy which she could still not entirely risk losing although its indulgence had become less necessary and less real with each passing year."

Malheureusement, dans ce roman-ci les rebondissements sont décidément trop nombreux. Plus Cordelia approche de la vérité, moins cette vérité est vraisemblable. L'un de ces rebondissements permet certes une belle confrontation avec l'inspecteur Dalgliesh, le personnage le plus célèbre et charismatique de P. D. James, mais décidément [spoiler] ce meurtre a entraîné bien trop de magouilles pour qu'on y croie! [fin du spoiler]

Une lecture à réserver plutôt aux fans de P. D. James: si vous ne la connaissez pas, il risque de vous décourager de lire d'autres livres d'elle.

Un mot sur le titre d'origine, An Unsuitable Job for a Woman. Il fait référence au verdict de deux ou trois personnages rencontrant la jeune Cordelia: "It is not, I think, a suitable job for a woman." Détective privée à cet âge-là et sans partenaire homme, vous comprenez, ce n'est guère convenable......

Heureusement, l'écrivain et le personnage ne sont pas du tout d'accord! :)

Malheureusement, la traduction française de ce titre n'est pas du tout satisfaisante: La Proie pour l'ombre. Je ne sais pas qu'est-ce que j'aurais proposé et je soupçonne l'éditeur (et non le traducteur) d'avoir choisi ce titre-là; mais je trouve vraiment dommage d'avoir perdu cette remarque misogyne qui devait tenir à cœur à P. D. James, vu qu'elle en a fait son titre!

Cette triste constatation m'a rappelé une autre traduction de titre de P. D. James que j'avais trouvée très peu judicieuse, et je vous en parle dans le prochain billet.

dimanche 25 janvier 2015

UGC Culte: L'invasion des profanateurs de sépulture (1956)

Avec un titre pareil, ce film de Don Siegel de 1956 était plus qu'intrigant!


Il se trouve qu'il s'agit en fait d'un problème de traduction du titre original Invasion of the Body Snatchers, et qu'il n'y a guère de profanation ou de sépultures dans l'histoire... ^^ Le traducteur, selon la vidéo de présentation de l'UGC, n'avait pas vu le film quand on lui a demandé de traduire le titre. Il y a là une belle leçon sur l'importance de fournir toutes les informations pertinentes à un traducteur si on veut qu'il fournisse un travail satisfaisant... :)

Ce film s'est révélé très intéressant et pas bête du tout. Attention, billet lourd en spoilers!

Dans la paisible petite ville de Santa Mira, le docteur Miles Bennel, de retour d'un colloque, découvre avec étonnement que les nombreux patients qui avaient demandé à le consulter en son absence ne semblent plus souffrir de rien et ne viennent pas aux rendez-vous prévus. En outre, il rencontre deux personnes qui soutiennent avec insistance qu'un de leur proches n'est pas celui qu'il est censé être. C'est-à-dire, leur mère ou leur oncle est bien là, mais ils savent que ce n'est pas elle ou lui!

Un ami psychiatre lui confirme qu'il suit depuis quelques jours des dizaines de cas semblables. Une sorte d'épidémie mentale semble s'être saisie de la ville. Le docteur et son amie Becky Driscoll ne savent pas trop quoi penser, jusqu'à ce qu'un habitant les fasse venir chez lui.... Où il a trouvé un corps humain étonnement semblable au sien en train de se développer sur sa table de billard.


La vérité, c'est que des créatures extraterrestres apparemment végétales peuvent adopter la forme qu'elles souhaitent en grandissant et remplacent peu à peu tous les habitants de la ville. Elles absorbent leurs souvenirs et leur personnalité pour tromper leur monde, mais elles sont complètement insensibles et inhumaines. D'où le ressenti bizarre des habitants qui ne reconnaissaient pas leurs proches.


L'invasion des profanateurs de sépultures a beau être censé faire peur, il a bien trop vieilli pour effrayer le spectateur d'aujourd'hui. Les quelques scènes "effrayantes" font même sourire. Mais il reste tout à fait d'actualité dans ses deux thématiques principales:

1. la folie qui semble folie mais est en réalité lucidité ou savoir. Comme chez Maupassant et Lovecraft, quand notre héros s'exclame que des extraterrestres sont en train de conquérir la ville, personne ne le croit. Toute personne soupçonnant la vérité est prise pour folle. Et plus vous soutenez que vous n'êtes pas fou... plus on vous prend pour fou.

2. la résistance à l'uniformisation. Quand nos deux héros, les deux derniers vrais humains de la ville, prennent la fuite, ils s'accrochent à leur humanité, notamment à leur amour. Ils ne veulent pas devenir des automates insensibles, occupés seulement par la multiplication de leur espèce. Ils veulent continuer à vivre. Même si les extraterrestres, en face, leur expliquent que ce n'est pas douloureux et qu'ils seront tout à fait bien après. Cela a parfaitement sa place dans la société très policée des années cinquante, mais reste saisissant en cette année 2015...


Replacé dans le contexte de l'époque, le film semble bien évoquer le communisme et la chasse aux sorcières de McCarthy. Dans sa présentation, Jean-Pierre Lavoignat expliquait qu'il a été interprété de deux manières opposées: soit une critique de l'entrée sournoise du communisme dans la société, soit une critique de la chasse aux sorcières. Et je dois dire que les deux visions tiennent... Peut-être que Don Spiegel était assez lucide pour critiquer les deux choses à la fois.

Je tiens à souligner que l'idée de faire précéder les films Culte par cette vidéo de présentation de ce monsieur Lavoignat est vraiment une bonne idée. J'ignore d'où il sort et la mise en scène est un peu ennuyeuse (de face, de côté, de face, de côté...), mais c'est super intéressant d'avoir quelques infos sur le film. Ici, je suis restée un peu sidérée face à tout ce que je ne savais pas: Don Siegel est le réalisateur de L'inspecteur Harry, un de ses assistants a réalisé je ne sais plus quel western célébrissime, plusieurs remakes ont été faits de ce film-ci... Et d'autres infos que j'ai oubliées mais qui m'ont semblé pertinentes sur le coup.

On a beau avancer dans la vie et essayer de peaufiner sa culture, décidément le vaste monde du cinéma regorge de surprises...

Dernières idées sur ce film: la vision de la femme a beau être datée, elle a quelque chose de charmant (ces robes et ces tailles de guêpe, houah!); et le noir et blanc convenait très bien à l'ambiance générale du film.

Un film à voir si vous en avez l'occasion, donc. En plus, il ne dure qu'une heure vingt... :)

vendredi 23 janvier 2015

Voyage au centre de la Terre (1864)

Je l'ai déjà dit ici à propos de De la Terre à la Lune, c'est toujours un plaisir de lire Jules Verne. Ses livres sont un mélange vraiment savoureux d'humour et de rationnel et on ne s'ennuie jamais.


Cela a encore été le cas avec Voyage au centre de la Terre. Les aventures du professeur Lidenbrock, bien décidé à rejoindre le centre de la Terre en passant par la cheminée d'un volcan islandais, et de son neveu Axel, plus que sceptique face à cette idée qu'il trouve tout à fait farfelue, sont aussi amusantes que prenantes. Le contraste entre les deux personnages est vraiment l'attrait principal de ce livre.

"Bon, pensai-je, voilà un établissement où nous devrions finir nos jours! Et, si grand qu'il fût, cet hôpital serait encore trop petit pour contenir toute la folie du professeur Lidenbrock!"

En plus, ce roman met au premier plan l'émerveillement, ce qui est parfait, vu que les paysages de l'Islande et le monde souterrain que nos héros découvrent s'y prêtent tout particulièrement bien. On a beau savoir que c'est de la fiction, impossible de ne pas rêver de ces tunnels obscurs qui débouchent sur une mer immense et des forêts de champignons...

En plus, cette édition du Livre de Poche propose les illustrations d'origine, qui renforcent encore le dépaysement et qui "collent" vraiment parfaitement avec l'ensemble.

Le petit plus que je ne veux pas oublier: J'ai acheté ce livre dans une librairie de Normandie. L'Homme et moi étions les seuls clients à ce moment-là. La librairie est petite et pleine de livres, très cosy. La libraire était au comptoir avec une commerciale qui lui présentait des livres afin qu'elle décide si elle souhaitait les commander ou pas. En faisant le tour des rayons, on écoutait discrètement la conversation. J'ai eu l'impression de vivre un moment privilégié, comme si on rentrait un peu dans la vie de cette librairie "à l'ancienne" et qu'on partageait une vraie richesse culturelle et humaine. Ces espaces où la qualité de la lecture l'emporte sur les considérations économiques (même si celles-ci sont, bien sûr, une réalité) sont vraiment précieux; on le sait mais on ne le dira jamais assez. J'espère que cette petite librairie résistera encore longtemps...

mercredi 21 janvier 2015

Le château d'Otrante (1764)

Maintenant que le bilan de l'année 2014 a été fait en long, en large et en travers (et même en diagonale!!), place à l'année 2015!

Le château d'Otrante est considéré comme le premier roman gothique. Horace Walpole a en effet été le premier à réunir tous les ingrédients du genre: monde médiéval, souterrains obscurs, revenants, secrets de famille et figures féminines persécutées.


Le roman s'ouvre alors que le jeune Conrad d'Otrante, sur le point d'épouser la belle Isabella, meurt écrasé par un casque géant tombé du ciel. Le mariage étant bien évidemment annulé, son père Manfred décide de se séparer de sa femme et d'épouser, lui, cette jeune Isabella qui pourra lui donner les héritiers qu'il désire.

Bon, le scénario est déjà particulier, avouons. Malheureusement, le vrai problème est que ce roman est terriblement indigeste...

Deux raisons à cela.

Tout d'abord une raison typographique toute bête: Horace Walpole ne retourne quasiment jamais à la ligne et n'utilise pas de guillemets ou de tirets pour séparer les prises de parole des personnages. Un long paragraphe de quasiment une page peut donc réunir du texte descriptif et les interventions d'un ou de plusieurs personnages. Difficile de suivre qui dit quoi dans ces conditions...

Ensuite, un problème lié à l'enchaînement complètement précipité des évènements. Il pleut des casques géants, les tableaux bougent et les gens meurent sans que cela n'étonne personne. Ou plutôt, Walpole décrit bien que Un Tel est abasourdi, mais il ne s'attarde pas sur la chose: à la ligne suivante, on est passé à autre chose. C'est très déstabilisant.

Par ailleurs, Le château d'Otrante est extrêmement daté, par exemple en ce qui concerne les figures féminines qui pleurent beaucoup et les coïncidences improbables. Mais cet aspect-là est compréhensible. C'est un peu comme quand on lit Molière et qu'il s'avère qu'en fait Machin est le fils perdu de Truc ou a un oncle riche qui meurt juste au bon moment: à l'époque, personne n'avait l'air de s'intéresser à la vraisemblance du scénario... ^^

Ceci étant, cette lecture présente un intérêt certain et je ne la regrette pas du tout: voir que le roman gothique est parti de là est assez bluffant! En outre, comme je ne connais pas ce genre (je n'ai lu que Frankestein), c'est un excellent point de départ pour passer à Ann Radcliffe, l'auteure la plus reconnue du mouvement. Espérons que je passerai à l'acte rapidement au lieu d'ajouter cette idée à la longue liste des lectures à découvrir...

UN GRAND MERCI À T. QUI M'A OFFERT CE LIVRE, AUSSI BIZARRE SOIT-IL!!! :)

dimanche 18 janvier 2015

Bilan 2014 - Perso

Soyons fous et osons!

Je fais un billet sur ma vie cette année!

2014 restera dans les annales comme l'année de La Reloue.

Vous l'avez rencontrée en photo à l'occasion de mon billet sur Les dents de la mer. C'est une petite chatte errante que j'ai recueillie cet été, au grand désarroi de mon Chat adoré. Les choses semblent s'être tassées et les deux vivent actuellement en assez bonne intelligence malgré l'énergie débordante dont fait preuve cette jeune bestiole. Ça tombe bien car elle squatte depuis six mois et ne semble pas devoir s'en aller de sitôt. XD


Je dois dire qu'elle est d'un grand soutien moral pendant mes exercices de kiné matinaux et d'une excellente compagnie quand je travaille en freelance.

Surnoms: Peste, Mini-peste, Pestouille.

L'autre grand point, c'est le fait que j'ai abordé la troisième étape de ma reprise de l'équitation: après les balades et les cours particuliers, j'ai repris le chemin des reprises, c'est-à-dire des cours d'équitation classiques en groupe. Plus besoin de fixer les rendez-vous un par un avec une secrétaire jamais disponible: c'est toujours le même jour de la semaine à la même heure.

Bien sûr, quand je ramène le cheval au box, je n'ai qu'une chose en tête: une fois par semaine, ce n'est pas assez. Et bien sûr, tout cela est très modeste: je suis dans un niveau inférieur à celui que j'avais quand j'étais ado. Et je reste affolée quand je vois des barres; je compte les minutes qui restent avant la fin du cours et j'ai pratiquement envie de vomir sur mon cheval quand on saute.

Mais il n'empêche que je monte, et qu'après avoir passé trois ans de ma vie à déprimer en regardant fixement mon plafond parce que j'étais intimement et complètement persuadée que je ne monterai plus jamais parce que je n'étais pas à la hauteur de ce sport, c'est merveilleux et extrêmement précieux.

samedi 17 janvier 2015

Bilan 2014 - Vie du blog

Un petit billet à part pour noter quelques pensées sur le blog.

Depuis que je chronique toutes mes lectures en faisant des "chroniques express" quand je n'ai pas grand-chose à dire (ou pas le temps de tout dire, ou l'impression que tout a déjà été dit ailleurs), ce blog m'est devenu encore plus précieux. Je n'envisage plus du tout de lire un livre sans en parler ici: ce serait comme l'oublier. Même si ce n'est que quelques phrases (voir ma chronique très développée de Histoire des dinosaures ^^), il faut que je note quelque chose pour faire un bilan et trier les grandes idées à retenir. Une lecture n'est vraiment finie que quand le billet est bouclé; c'est à ce moment-là que je range le livre dans la bibliothèque.

En outre, avec ma mémoire défaillante, c'est un vrai plaisir de relire un billet et de redécouvrir totalement les détails des livres qui m'ont marquée!

Ma motivation est donc vraiment au top. Et pour profiter de ce contexte favorable, je vais commencer le mois prochain une rubrique mensuelle pour noter quelques idées sur les films que je vois et que je ne chronique que très rarement. À priori, ce sera "la gamelle du mois", histoire de respecter la (théorique) thématique féline ce de blog.

Tout au fond, la frustration et la déception restent évidemment de mise. Mes statistiques ne sont déjà pas très élevées, mais en plus un tiers des visites environ viennent de sites douteux basés en Ukraine ou en Russie, et ce malgré l'augmentation considérable du nombre de billets qui a suivi ma décision de chroniquer tout ce que je lis. Le fait que je mette les liens de certains billets sur Facebook depuis quelques mois ne semble pas avoir eu d'influence non plus (à l'exception d'un livre "star" comme Da Vinci Code ^^). D'ailleurs, cela m'attriste toujours de voir le peu de réactions qu'entraînent ces statuts, nettement moins populaires que les passionnantes informations sur la vie des bébés et le repas d'hier soir de Truc et Machin...

[En fait, les 10% de mon cerveau consacrés exclusivement à la paranoïa me chuchotent que certains font exprès d'ignorer tout ce qui vient de moi, parce qu'il ne faudrait quand même pas qu'ils avouent, même indirectement, que j'ai peut-être quelque chose de pertinent à leur fournir, hein, faut pas déconner, ils SAVENT mieux que moi, hein. Mais bon je contrôle ces 10% là de mon cerveau...]

Mais ceux qui lisent, je suis toujours un peu émerveillée qu'ils lisent, et tout commentaire me fait danser la danse de la joie devant mon ordinateur. Je suis vraiment profondément touchée de voir des blogueurs reconnus et des vieux de la vieille très actifs dans la blogosphère SFFF s'arrêter ici et y mettre un mot gentil.


Et je ne compte plus les découvertes merveilleuses faites grâce aux autres blogueurs, des gens intelligents aux goûts variés, fins dans leurs chroniques et ouverts aux goûts de tous, bien meilleurs conseillers que les critiques officiels du cinéma et de la littérature!

Tout ça pour dire que la motivation est au top malgré l'insatisfaction (inévitable peut-être!) de certains jours et que j'attaque 2015 avec tout plein d'amour pour ce blog et la blogo... :) Et quand on y pense, c'est déjà ce que je vous disais en avril 2013... <3

jeudi 15 janvier 2015

Bilan 2014 - Lectures

Côté lecture, le constat est le même que côté cinéma: mon rythme n'est décidément plus ce qu'il était. Avec 96 livres lus, 2014 a été la "pire" année depuis 2010 (93 livres). C'est particulièrement rageant car à quatre livres près, j'aurais dépassé la barre symbolique des 100 livres, que je trouve tout à fait satisfaisante.

Mais bon, comme je l'ai déjà dit, on ne peut pas tout avoir; et si je pouvais en tirer une bonne fois pour toutes la leçon qu'il ne faut pas passer autant de temps sur Facebook et YouTube, ce serait pas mal...

En revanche, l'année n'a pas été extrêmement satisfaisante: seuls 22 livres m'ont semblé vraiment valoir le détour, et tous n'étaient pas non plus des chefs d’œuvres.

Le livre de l'année: Suite française d'Irène Nemirovsky. Une très très belle découverte et un livre injustement méconnu.

L'autre livre de l'année: Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.

Les livres qui m'ont le plus fait réfléchir: En finir avec Eddy Bellegueule d'Édouard Louis et Maintenant ou jamais de Primo Levi.

Les préhistoriques: Le peuple des rennes et Frère des loups de Megan Lindholm.

Les originaux: Nicolas Eymerich, inquisiteur de Valerio Evangelisti (l'histoire d'un inquisiteur fort peu sympathique), Faillir être flingué de Céline Minard (un western!), Amina de Wajdi Mouawad (un livre raconté par des animaux) et Il est de retour de Timur Vernes (le récit de Hitler se réveillant à Berlin en 2011).

La lecture zolienne: Germinie Lacerteux des frères Goncourt, un roman qui a eu une très grande influence sur le jeune Zola.

Le comic: Locke & Key, une lecture vraiment unique!

Les autres: La Cousine Bette, Les années, Histoire des dinosaures, L'héritage, Buvard, La moustache, Le dernier lapon, Da Vinci code, Dinotopia, du Maupassant, du Precious Ramotswe et du Fabrice Humbert.

Tous ces livres ont été chroniqués sur le blog (à l'exception de Faillir être flingué, lu pour mon comité de lecture, dont le billet a mystérieusement disparu du blog de la médiathèque...), donc n'hésitez pas à utiliser la fonction recherche pour retrouver les billets correspondants. (Je n'insère pas tous les liens par manque de temps et de patience...)

mardi 13 janvier 2015

Bilan 2014 - Cinéma

Maintenant que tous les billets de 2014 sont en ligne, place à la tradition: voilà le sympathique bilan de l'année écoulée!

Comme en janvier dernier, j'ai à déplorer cette année un sacré manque de temps et de motivation qui a mis à mal ma fréquentation des salles obscures. Avec "seulement" 75 séances à mon actif, je suis bien loin de mon rythme de 2011 et 2012.

Je trouve cela très dommage, car j'aime toujours autant le cinéma et la manière unique de vivre les films qu'on y voit. Mais ce manque de temps est dû à de très bonnes choses, comme une vie professionnelle décidément plus épanouissante et une vie équestre modeste mais merveilleuse du fait qu'elle existe (yeah!), et, comme je l'ai déjà dit, on ne peut pas tout avoir. En outre, la programmation très fade et franco-française de ces derniers mois fait que j'ai peu de regrets d'être si peu allée au cinéma au quatrième trimestre.

Ceci étant dit, place aux films qui m'ont vraiment marquée!

S'il ne devait en rester qu'un: Only lovers left alive de Jim Jarmusch. Un film de vampires juste parfait avec Tom Hiddleston et Tilda Swinton au top. Le seul à rivaliser avec Entretien avec un vampire...


S'il ne devait en rester que deux: Ajoutons Fury de David Ayer. Déjà, Brad Pitt, Logan Lerman et Shia LaBeouf réunis, c'était la fête; mais en plus ce film de guerre est très bien fichu, très dur et pas bête du tout. Je n'en attendais pas grand-chose à part de baver sur les acteurs et il m'a bien surprise. Il confirme par ailleurs que Brad Pitt fait des choix audacieux; c'est décidément quelqu'un que j'apprécie beaucoup.


Et s'il ne devait en rester que trois...: Ajoutons La Vie rêvée de Walter Mitty de et avec Ben Stiller, un film qui vend du rêve et qui m'a beaucoup parlé. L'éternelle histoire du gars à la vie insatisfaisante qui arrive à un moment donné à "trouver son courage", un thème qui fait toujours mouche avec moi.


Dans le registre émotion: Dans l'ombre de Mary de John Lee Hancock. Un film qui m'a tiré des larmes mais aussi fait sourire.

Dans un registre plus dur: Philomena. Pour la prestation de Judy Dench. Pour la scène du début qui m'a vraiment mis mal à l'aise.

La prestation d'acteurs la plus bluffante: Diplomatie. Le face à face entre Niels Arestrup et André Dussolier était vraiment très bon.


La pépite: Minuscule, la vallée des fourmis perdues. Un dessin animé vraiment bien fait, drôle et émouvant, avec des trouvailles brillantes comme l'utilisation de cachets d'aspirine pendant un siège. L'impression qu'il existe une réelle créativité en dehors des grosses sorties très formatées.

Le film de groupie: Edge of tomorrow. Et oui, on ne se refait pas, depuis quelques années je suis juste méga fan de Tom Cruise et ce film a confirmé mon adoration. Avec un peu de comique pour que le spectateur ne s'ennuie pas et un personnage féminin super fort, une rareté au cinéma, campé par Emily Blunt, c'est vraiment un film d'action très bien fichu.


Les documentaires: Caricaturistes - Les fantassins de la démocratie, un beau docu sur cinq ou six caricaturistes qui risquent leur vie pour publier leurs dessins dans des pays où la chose n'est pas la bienvenue. Maintenant que tout le monde est Charlie, le film est probablement promis à un bel avenir, mais pour votre info nous étions trois dans la salle quand l'Homme et moi l'avons vu en juin. Et Deepsea Challenge, le reportage sur la plongée de James Cameron au fond de la fosse des Mariannes. Une belle expédition qui a confirmé, malgré une mise en scène assez émotive bien américaine, l'estime que je porte à cet homme qui multiplie les casquettes.

Le film d'action bien bourrin: John Wick. Halàlà Keanu Reeves qui butte du méchant à tour de bras, c'était génial.


Le film qui n'était ni français ni américain ou britannique: Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Un bon moment de loufoquerie comme le livre, un poil trop long comme le livre.

Les plaisir coupables: Godzilla et Transformers 4. Tellement d'incohérences et d'absurdités qu'on ne sait plus où donner de la tête, certes. Mais je continue de trépigner d'exaltation quand je vois des reptiles ou des robots géants. Alors des robots-dinosaures géants, vous imaginez.........


Les films culte: Les incorruptibles, Sueurs froides, La Belle et la Bête, Le Guépard, The Big Lebowski, La leçon de piano, Les parapluies de Cherbourg, Sur la route de Madison, Les dents de la mer, Ben Hur, Le bon, la brute et le truand, Psychose et Edward aux mains d'argent. J'apprécie vraiment d'avoir la possibilité de voir ou revoir sur grand écran tous ces films qui ont fait l'histoire du cinéma. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques dans la catégorie Ciné.

Et d'autres, moins marquants mais qui m'ont fait passer un bon moment ou m'ont apporté quelque chose: Quai d'Orsay, La Reine des neiges, Le loup de Wall Street, Un été à Osage County, Monuments Men (à cause de la scène de la douche, si triste...), Pompéi et 47 Ronin (oui oui! Des films décérébrants avec des guerriers!), Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Jimmy's Hall et Balade entre les tombes.

Mais cette année 2014 restera pour moi l'année d'Eva Green.

Jusque là, mes rares rencontres avec cette actrice m'avaient laissée de marbre: si j'avais aimé Casino Royale, je n'avais pas vraiment prêté attention à son rôle; et Dark Shadows m'était un peu sorti par les trous de nez. Mais son Artemisia dans 300: La naissance d'un empire m'a vraiment marquée. Déjà parce que les personnages féminins pertinents sont rares au cinéma et encore plus rares dans le "genre"; et ensuite parce qu'elle avait un charisme assez incroyable.


Et ensuite, en juillet-août, il y a eu Penny Dreadful. Si cette série ne s'est pas révélée aussi flippante que je l'avais cru quand j'avais entendu l'Homme la regarder, et que j'ai "désapprouvé" certains éléments (comme le look des vampires), c'est néanmoins la série la plus proche de mon univers mental personnel que j'aie jamais vue et elle tient en grande partie sur une Eva Green ensorcelante et délicieusement inquiétante.


Sont ensuite passés par là le western The Salvation et Sin City 2 (avec quelques réserves tout de même) et voilà que je suis une inconditionnelle de la dame! :)

Mise à jour du 14 janvier:
Honte sur moi! J'avais oublié le "what the fuck movie" de l'année: Detective Dee 2!!!!! HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!!

samedi 10 janvier 2015

L'Éveil de la Lune (1994)

L'Éveil de la Lune d'Elizabeth Hand: voilà une lecture tellement difficile que je vais prendre le temps d'en dire du mal en long, en large et en travers.


D'abord, le style: j'ai trouvé les premières pages laborieuses, puis le reste convenu et oubliable, parfois irritant. Le fait que j'ai lu ce roman traduit, pour la simple raison que je l'avais chez moi en français vu que je l'ai lu quand j'étais ado (et a-do-ré, soit dit en passant), y est peut-être pour quelque chose. Mais je ne pense pas que Daniel Rode, le traducteur, soit en réalité à blâmer. Les descriptions sentent l'exercice d'écriture et il y a énormément de répétitions. Je ne supportais plus tous ces yeux "mouchetés de vert"...

Ensuite, et surtout, les personnages: des clichés sur pattes. Il y a la narratrice mièvre et molle, ballotée par les évènements; la femme fatale mystérieuse; le beau gosse fêlé, bonne âme au fond, mais planant tellement qu'on ne comprend rien à ce qu'il raconte; les side-kicks qui servent de faire-valoir; et des méchants très méchants et très puissants qui ne sont plus du tout méchants ou puissants quand il y a de l'action.

D'une manière générale: les incohérences et le manque total de vraisemblance. Il se passe beaucoup de choses mystérieuses dans ce livre, mais personne ne semble s'en rendre compte, ou fait comme si de rien n'était, ou bien se questionne beaucoup mais n'agit pas. L'apothéose est atteinte à la fin avec le bâclage total de la scène du sacrifice qui est censé être le clou apocalyptique du livre.

Enfin, et surtout, L'Éveil de la Lune est un livre profondément mièvre, à l'image de sa narratrice, et moi le mièvre me tombe des mains.

Et maintenant que vous savez tout, quelques mots sur l'histoire. Le roman met en scène une jeune femme, Sweeney, qui entre dans une très prestigieuse et très mystérieuse université de Washington, où elle ne se sent pas à sa place. Mais elle rencontre en cours une très belle étudiante, Angelica, et un très bel étudiant, Oliver, qui lui dit des choses peu compréhensibles mais qu'elle décide d'accompagner dans les bars de la ville, en séchant tous les cours dès le premier jour. Enfin, sauf le cours auquel elle a rencontré les deux, évidemment. S'ensuit la révélation que l'université est en réalité le siège d'une société secrète qui lutte depuis des temps immémoriaux contre le retour de la Déesse, mais on ne sait pas trop comment. S'ensuivent plein de choses étranges que tout le monde ignore, au premier rang desquelles la disparition d'une prof dans un monde parallèle...

Foncièrement, le culte de la Déesse, ça me plaisait. Et cet aspect-là est même bien documenté et intéressant. C'est une Déesse cruelle et implacable que Sweeney devine, et j'ai bien aimé cette vision dure d'un culte féminin très éloigné de la vision gentillette qu'on en a souvent. La Femme, c'est certes la Mère dans un premier temps, et la Fille et l'Amante; mais c'est aussi la Mort, la Lune noire qu'on ne veut pas voir et qui ravage tout sur son passage si on la réveille. Les descriptifs des rituels sont saisissants, avec une composante pouvoir/sexe/mort très osée, et j'ai eu envie d'en savoir plus.

Malheureusement, avec ce manque total de vraisemblance et avec Sweeney qui passe son temps à chouiner parce que les autres sont plus beaux qu'elle, et qu'elle ne comprend pas ce qu'il se passe, et qu'elle a raté sa vie, et qu'elle a n'a rien à faire là, et qu'elle a peur, et que et que... Et bien la sauce ne prend pas....

Pour avoir un tout autre son de cloches, vous pouvez lire quatre critiques unanimement élogieuses sur Noosfère.

Ce livre me permet cependant de participer à nouveau au chalenge SFFF au féminin de Tigger Lilly, et ça c'est la fête! :)

mercredi 7 janvier 2015

UGC Culte: Edward aux mains d'argent (1990)

Chronique express!


Encore une lacune de comblée! Je n'avais jamais vu Edward aux mains d'argent de Tim Burton et ç'a été une belle découverte. Ça paraît fou, mais ma relation avec Tim Burton a commencé et s'est terminée avec Sleepy Hollow... un film que j'adore... et c'est donc un réalisateur que je connais mal. Edward est un film très rafraîchissant, qui critique avec humour un certain modèle de vie bourgeoise en y faisant entrer ce mystérieux personnage qui n'a pas de mains mais d'immenses ciseaux parce que son créateur est mort avant de le terminer. Edward est touchant dans sa maladresse, et la dame qui le recueille, sous ses airs de brave mère de famille un peu simple, est le personnage qui m'a le plus parlé. Le décalage entre la ville de banlieue et le manoir d'Edward, parfaitement gothico-mignon, est très sympa. En fait je comprends que Tim Burton soit devenu la célébrité qu'il est avec ce film et les autres de l'époque, car c'est vraiment ensorcelant; et la musique de Danny Elfman est ici parfaite, elle crée presque l'ambiance à elle toute seule mais sans jamais en faire trop. Je n'en resterai pas marquée à vie à cause de l'aspect vraiment culcul de l'histoire d'amour, mais c'est un film que je reverrai avec plaisir à l'occasion.

dimanche 4 janvier 2015

Les Dents de la mer (1974)

Difficile de juger d'une œuvre quand on ne la découvre pas vraiment. Le roman Les Dents de la mer de Peter Benchley m'a semblé assez sombre et perturbant, mais aurais-je pensé la même chose si je l'avais lu sans voir d'abord l'adaptation de Spielberg?


L'histoire est la même à peu de choses près: plusieurs baigneurs d'une paisible station balnéaire de la côte est des États-Unis s'étant fait avaler tout crus par un requin gigantesque, la ville est au bord de la ruine et tente d'étouffer l'affaire, tandis que le chef de la police, tout à fait dépassé par les évènements, décide de partir à la chasse au requin malgré sa peur de l'eau.

Le livre ne fait pas vraiment peur. La tension est beaucoup plus palpable dans le film, notamment à cause de la musique et des effets de "sursaut" liés à l'apparition soudaine de quelque chose. Mais c'est un roman assez dur. Pas mal de choses m'ont surprise: la tristesse de la relation entre le policier et sa femme; le personnage de sa femme, présenté avec une lucidité implacable, et son adultère désespéré; la dureté de l'ichtyologue, surtout [spoiler] pendant sa relation sexuelle; et deux éléments sanglants et franchement dégueulasses pendant la chasse au requin, comme [spoiler] le fœtus de bélouga utilisé comme appât.

Il m'a semblé que le livre rendait bien l'idée de l'implacabilité du "destin" et faisait un parallèle pertinent entre le requin-requin et le requin-homme. Spielberg a adouci le côté social et adulte du livre pour en faire un film moins dérangeant et je ne m'attendais donc pas à cet aspect-là. En plus, la chasse au requin occupe seulement 70 pages sur 300: les trois quarts de l'intrigue se passent en ville.

Jaws n'est pas une lecture indispensable, peut-être même une "lecture de plage" (voyez la bonne blague...) du fait du style assez simple. Mais c'est néanmoins un livre intéressant. Et il montre bien que la littérature américaine sait être très efficace. Notons d'ailleurs un procédé que j'ai trouvé très bon: quand on suit les actions du requin loin des hommes, l'auteur parle du poisson. "The great fish moved silently through the night water, propelled by short sweeps of its crescent tail." Une forme de "déshumanisation" réussie, car on n'attache pas du tout les mêmes clichés aux poissons en général et aux requins en particulier et que ça le rend encore plus mystérieux, plus froid et éloigné de nous...

La réplique à retenir:
"At this point, if someone came in here and said he was Superman and he could piss that shark away from here, I'd say fine and dandy. I'd even hold his dick for him."