samedi 29 mars 2014

Le corps humain (2012)

Chronique express!


Paolo Giordano a fait ses débuts en littérature en 2008 avec La solitude des nombres premiers, lauréat du prix Strega. J'ai beaucoup aimé ce roman et j'ai donc acheté son deuxième livre sans hésitations lors de mon passage en Italie il y a quelques semaines. Je n'ai pas été tout à fait aussi happée par celui-ci, mais j'y ai retrouvé ce que j'avais "apprécié" dans le premier: en bref, les histoires de personnes brisées par la vie. Les soldats italiens envoyés en mission en Afghanistan de ce Corps humain sont tout aussi tragiques que les "nombres premiers" dont nous avons partagé les malheurs il y a quelques années, et je ne les ai moins aimés, sûrement, que parce que j'ai eu plus de mal à m'identifier à eux et à leur bout de désert pourri. Les thèmes sont les mêmes (la solitude et l'incommunicabilité de la souffrance) et me semblent traités avec la même justesse. Seul véritable bémol, la plume de l'auteur est un peu faible lors des événements violents qui constituent le point de non-retour de l'intrigue, ce qui est quand même dommage vu que le livre repose en grande partie sur ces quelques heures fatidiques. Malgré cela, Le corps humain reste une lecture édifiante... à réserver tout de même à ceux qui ont envie de voir le monde pour l'abomination qu'il est.

(Disponible en France chez Seuil.)

mardi 18 mars 2014

Scottish Ghost Stories (2009)

Chronique express!


Le verdict pour ce recueil de nouvelles de fantômes du XIXème est le même que pour tant d'autres recueils: c'est inégal. J'ai eu du mal à venir à bout de ces 600 et quelques pages écrites en tout petit. J'en retiendrai surtout The Haunted Major de Robert Marshall, une histoire de fantôme tournant autour du golf (!) très très amusante. Les quatre textes de Margaret Oliphant sont également bons, surtout parce que l'auteur manie bien sa plume, et Walter Scott s'en tire très bien. En revanche, grosse déception sur Robert Louis Stevenson et les autres écrivains représentés, qui ne sont probablement pas passés à la postérité pour une bonne raison. J'ai carrément sauté des textes dont la rédaction représentait l'accent écossais des personnages, un procédé que je ne supporte pas pendant plus d'une réplique en général et qui me fatigue énormément quand je lis en anglais. Bon, en même temps, pour quelque chose comme 3£ le volume, c'est plutôt gonflé de se plaindre qu'un livre des éditions Wordsworth est "trop gros"... ^^

Avec ce volume, j'ai enfin fini de lire les livres achetés à Londres il y a bientôt trois ans, ouf! :)

jeudi 13 mars 2014

L'Île d'Arturo (1957)

Chronique express!


Le jeune Arturo a passé toute sa vie sur l'île de Procida, dans le golfe de Naples. Sa mère est morte en le mettant au monde et son père passe le plus clair de son temps sur le continent, dans des voyages qu'Arturo imagine aventureux et merveilleux. Son enfance s'est donc déroulée dans une solitude presque complète, avec la chienne Immacolatella pour seule confidente. Mais l'adolescence et ses déboires arrivent à peu près au même moment que Nunziata, la jeune nouvelle épouse de son père... Roman psychologique (au bon sens du terme) et subtil, L'Île d'Arturo décrit le désarroi d'un adolescent confronté aux soucis de son âge sans personne pour le guider. On a rarement vu un ado plus borné que celui-ci, mais on ne peut s'empêcher de partager son ressenti et sa recherche permanente d'une forme de relation fusionnelle, d'amour "absolu" qui lui donnerait une place et une raison d'être. Au final, il ne se passe pas grand-chose au long de ces trois cent cinquante et quelques pages, mais elles constituent un beau moment de lecture qu'on n'est pas près d'oublier.

Prix Strega 1957.

mardi 11 mars 2014

La Planète des singes: les origines (2011)

Passons enfin au dernier volet (en date) de la grande saga de la Planète des singes, le film de Rupert Wyatt sorti il y a trois ans: Rise of the Planet of the Apes.


Attention spoiler! Je vais raconter l'intrigue en long, en large et en travers...

Un jeune scientifique de San Francisco, Will Rodman, a mis au point un rétrovirus améliorant les capacités cognitives des chimpanzés, le ALZ-112. Les résultats sont impressionnants et il espère en tirer un remède contre la maladie d'Alzheimer, dont est atteint son père. Malheureusement, le jour de la présentation officielle aux autorités de son laboratoire, la chimpanzé avec laquelle il travaille développe un comportement extrêmement agressif, à tel point qu'un agent de sécurité l'abat pour l'empêcher de ravager les locaux. Le laboratoire décide donc d'arrêter immédiatement les recherches sur le ALZ-112 et d'euthanasier tous les chimpanzés ayant servi à ces recherches.

En réalité, l'agressivité de la chimpanzé était dûe au fait qu'elle venait de mettre au monde un petit, caché dans sa cage. Le collègue chargé de piquer tous les singes du laboratoire refusant de tuer aussi le petit, Will Rodman rentre chez lui avec. Pendant trois ans, il va donc vivre avec son père et son chimpanzé, qu'il appelle César et qui fait preuve d'une intelligence vraiment hors du commun, le rétrovirus utilisé sur sa mère semblant s'être transmis à son organisme pendant la gestation. Face à la dégradation de l'état de son père, Will décide même d'utiliser le ALZ-112 sur lui et, miracle, le vieux monsieur retrouve toute sa tête. (En une nuit. Mais passons.)


Malheureusement, à terme, son organisme apprend à lutter contre ce rétrovirus, qui n'a plus d'effet. Le père de Will sombre à nouveau, et, un jour fatidique, il s'attire les foudres du voisin dont il a ruiné la voiture. César intervient pour le défendre et blesse le voisin. Il est immédiatement "interné" par les autorités dans un refuge pour primates. Désespéré par le fait qu'on lui ait retiré son singe et que son père soit de nouveau malade, Will développe un nouveau rétrovirus, le ALZ-113, mais son père meurt après avoir accepté son sort et refusé ce nouveau traitement.

De son côté, César, d'abord traumatisé par son nouvel environnement, prend peu à peu le contrôle des singes du refuge et, après avoir trouvé le moyen d'en sortir et avoir volé du ALZ-113 dans la maison de Will, il asperge ses camarades de ce nouveau produit. Il se retrouve ainsi à la tête d'un assez grand nombre de singes ultra-intelligents.


D'une manière générale, les deux premiers tiers du film sont bien menés et proposent un bon équilibre entre l'aspect sentimental de la relation de Will avec son père et l'apprentissage de César, qui comprend peu à peu qu'il n'est pas vraiment l'égal des humains. Même lorsque les choses accélèrent et que César est prisonnier dans son refuge, le film reste bon (c'est même là que se trouvent les plans les plus spectaculaires). 

Malheureusement, dans le dernier tiers, les choses se dégradent. Car, à partir du moment où César et les autres prisonniers s'évadent du refuge pour primates, on tombe dans le film d'action de mauvaise qualité. Les incohérences se multiplient à un rythme vraiment déroutant: la circulation incompréhensible sur le pont de San Francisco, les singes intelligents qui se multiplient à la sortie du zoo (alors que les singes du zoo devraient être des singes tout à fait normaux), les orang-outans qui sont brusquement des dizaines sortis on ne sait d'où, des gorilles qui se baladent alors qu'il n'y a officiellement qu'un seul gorille dans la bande, des personnages dont la caméra tait la présence alors qu'ils étaient là deux secondes plus tôt... Bref. Une dégringolade navrante.

Ceci étant dit, passons à ce qui m'a vraiment marquée!

1. Les origines est le premier film dans lequel les singes sont réalisés en images de synthèse, ce qui le rend assez époustouflant. Weta Digital, la société qui a réalisé Avatar, et Andy Serkis, qui joue César, ont réussi un travail extrêmement détaillé et réaliste sur César. Les fourrures des singes sont à tomber, mais c'est surtout la variété et la profondeur des expressions du visage qui sont bluffantes. Comme quoi l'ère post-Avatar peut encore réserver de bonnes surprises. :) L'orang-outan du refuge a juste l'air VRAI!


2. Les humains sont présentés de manière plutôt négative car ils représentent nos grands travers: Will est un scientifique prêt à tout pour sauver son père (au mépris des règles de sécurité les plus basiques), le gardien du refuge est un petit merdeux qui s'amuse à faire peur aux singes pour se prouver qu'il est un homme, le patron de Will est complètement aveuglé par l'appât du gain... Seule la petite amie de Will, jouée par Freida Pinto, a vraiment la tête sur les épaules et le sens des réalités. Si on peut critiquer ces personnages comme simplistes, il me semble plutôt qu'ils jouent un rôle symbolique.


3. Les origines propose une explication très différente de celle de la saga d'origine à la prise de pouvoir des singes. Pour rappel, dans les films des années soixante et soixante-dix, nous avons affaire à une boucle temporelle: Zira et Cornélius s'échappent de la planète Terre dans un lointain avenir où celle-ci est dominée par les singes, débarquent au XXème siècle, se font abattre et laissent derrière eux leur petit César, qui, étant génétiquement un singe du futur, est plus intelligent que les singes esclaves du XXème et les aide à se libérer de leurs chaînes (acquises lorsqu'ils ont remplacé les chats et les chiens disparus comme animaux domestiques). On voit bien que c'est un serpent qui se mange la queue (ou un œuf à côté d'une poule): le futur influe le présent et s'auto-crée.

Ici, pas de voyage temporel. Il y a certes un petit clin d’œil à un vaisseau perdu dans l'espace, mais c'est tout. L'explication proposée au soulèvement des singes est purement scientifique (enfin, purement scientifique au sens où l'entend Hollywood, car je suis bien consciente que toute cette histoire de rétrovirus soignant Alzheimer en une nuit est totalement invraisemblable.....): ces singes ultra-intelligents sont le résultat d'expériences scientifiques, d'abord suite aux effets du ALZ-112 sur César dans le ventre de sa mère, ensuite grâce aux effets du ALZ-113 sur tous les singes du refuge.

4. [Un point évident mais qu'il me semble juste de rappeler.] Les temps changent et les peurs collectives aussi. Cette histoire de rétrovirus développé en laboratoire sans trop de règles de sécurité et provoquant finalement la destruction de l'espèce qu'il était censé soigner (puisque le ALZ-113, j'ai oublié de le préciser, rend les singes hyper malins mais tue les êtres humains) est au spectateur des années 2010 ce que le nucléaire était à celui des années soixante. Outre le fait qu'il exclue le voyage dans le temps comme cause du soulèvement des singes, il joue sur ce dont nous soupçonnons l'existence sans bien comprendre de quoi il s'agit. Même si, à mon avis, les gens étaient bien plus flippés par le nucléaire il y a quarante ans que nous ne le sommes maintenant par les scientifiques fous.

5. Le film comporte plusieurs références sympathiques à ses prédécesseurs. J'en ai relevé certaines et Wikipédia m'en a révélées d'autres. La plus émouvante est bien sûr le fait que la mère de César est abattue par balle, comme Zira dans Les Évadés de la planète des singes.

6. La traduction française de ce titre est à mon avis une erreur. Étant donné que le titre anglais (Rise of the Planet of the Apes) respecte la structure de tous les films précédents (Beneath the Planet of the Apes, Battle for the Planet of the Apes etc.) et que cette structure a été respectée dans les titres français correspondants (Le Secret de la planète des singes, La Bataille de la planète des singes etc.), il fallait trouver une solution sur le même modèle, ne serait-ce qu'un banalissime "Les Origines de la planète des singes". Mais PAS "La Planète des singes" + "deux points" + "les origines", DAMNATION.

Conclusion
J'ai plus apprécié ce film en DVD qu'au cinéma, peut-être parce que j'en attendais trop à l'époque et que j'avais donc été déçue par sa relative absence de réflexion. Car il faut dire que ce n'est pas un film incitant tellement le spectateur à penser... Les éléments sont bien là, mais ils ne sont pas suffisamment exploités pour qu'on revienne à la réalité avec les cheveux dressés sur la tête. Il s'agit moins d'un film de divertissement pur comme celui de Tim Burton, mais on n'atteint pas non plus le niveau des vieux films d'un point de vue "intellectuel". En fait je crois que c'est un bon film des années 2010. Pas un chef d'oeuvre, mais néanmoins un film à voir parce qu'il a du bon, et même beaucoup de bon.

Conclusion générale et temporaire sur la saga
J'ai vraiment adoré cette plongée chez les singes, et c'est donc avec plaisir et presque soulagement que j'attends Dawn of the Planet of the Apes (en français La Planète des singes: l'affrontement, ppppfffffffff) (c'est la mode Twilight qui fait encore des dégâts ça?) cet été (et sa suite prévue pour 2016). D'autant plus que la bande-annonce est juste... à tomber.


I need to speak to Ceasar.

PUTAIN.

dimanche 9 mars 2014

UGC Culte: Le Guépard (1963)

Le Guépard est originellement un livre de Giuseppe Tommaso di Lampedusa que j'affectionne beaucoup. Il fait partie de ces lectures qui ont soudain pris tout leur sens et sont devenues inoubliables à cause de leurs tout derniers mots, comme Gatsby. On y suit les événements liés au débarquement de Garibaldi en Sicile en 1860 à travers les yeux d'un prince sicilien dont le blason familial porte, justement, un guépard.

Le film de Luchino Visconti en est une adaptation fidèle et superbe. Avec les paysages de la Sicile aride et miteuse sous les yeux, on n'est que plus époustouflé par ce monde à part, complètement hors du temps. Mais c'est surtout la prestation de Burt Lancaster, qui joue le Guépard, qui m'a bluffée. Cet acteur possède un charisme absolument incroyable et a parfaitement compris son personnage, un "roc" de stabilité qui n'est pourtant à sa place ni dans l'ancien monde qui s'écroule ni dans le nouveau qui se construit sous les Savoie. Un homme résigné et lucide, qui garde une force d'esprit exemplaire mais perd tous ses moyens face à l'âge qui avance.


La scène dans laquelle il refuse un poste au Sénat à Turin, et où il explique à l'envoyé du nouveau gouvernement pourquoi il ne peut quitter sa Sicile natale, est juste parfaite. À travers cette Sicile qui ne peut pas et ne veut pas changer et pour laquelle il est déjà bien trop tard, il parle aussi de l'Italie et, à mes yeux, de l'espèce humaine en général. "Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. Et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre." Sérieux, mon cœur a loupé un battement.

Malgré des longueurs (plus de trois heures!) et un inévitable vieillissement, ce film est aussi très intéressant à voir pour son contenu politique (la manière dont le changement de régime s'est fait sans se faire et de manière parfois peu orthodoxe) et pour les autres acteurs. Sachez qu'il réunit en effet Claudia Cardinale, Alain Delon et Terence Hill! La crème des années soixante au sommet de sa jeunesse et de sa beauté. Claudia Cardinale, dans le rôle de la jeune et belle Angelica qui apporte sa fortune à la famille noble et pauvre de Tancredi, est simplement à tomber par terre. Elle dégage une sensualité assez déroutante. Alain Delon joue très bien le jeune malin qui a tout compris à la situation. J'ai été un peu déçue par son entrée en scène et sa célébrissime réplique "Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change", mais il s'est bien rattrapé au cours du film et a trouvé le bon ton pour la scène du bal. Terence Hill a un rôle secondaire, mais c'est toujours sympathique de le voir jeune avec ses yeux bleus pétillants.


Un dernier mot sur la scène du bal, qui a une importance primordiale. Elle est certes un peu longue (30 ou 40 minutes, je pense), mais elle est juste superbe. Les robes sont absolument spectaculaires. Je crois que même Scarlett O'Hara (que l'UGC nous propose de retrouver la semaine prochaine) peut aller se rhabiller face à tant de faste!! Et l'évolution massive des rapports entre personnages qui se produit au cours de cette soirée est très bien amenée. Je pense surtout à la pauvre Concetta qui dit à Tancredi qu'il n'aurait pas dit cela, autrefois...

Enfin, la scène de conclusion, si elle n'est pas celle que j'attendais vu que la dernière scène du livre n'a pas été portée à l'écran, est toutefois parfaitement adaptée au ton du film. Si vous ajoutez à cela une restauration très bien réalisée, vous comprendrez que mon enthousiasme cultesque n'en est que redoublé et que je bénis jusqu'à la septième génération la personne qui a eu l'excellente idée de cette initiative à l'UGC!

vendredi 7 mars 2014

Le Lecteur de cadavres (2011)

Chronique express!


Voici le butin d'une semaine de vacances passée à Fuerteventura: un seul et unique livre en espagnol, acheté dans une librairie allemande dont le personnel parlait espagnol moins bien que moi... LOL! =D J'espérais tenir quelque chose d'unique, l'intrigue étant assez originale, mais malheureusement ce bouquin historique s'est révélé très insuffisant de ce point de vue à cause, paradoxalement, de ses excès: trop de malheurs qui s'abattent sur le héros, trop de rebondissements, trop de réactions bêtes... À vouloir trop faire dans le roman d'aventures, Antonio Garrido m'a rapidement fatiguée. Pourtant, le résumé, comme je l'ai dit, était séduisant: l'histoire de Ci Song, un chinois du XIIIème siècle surnommé le lecteur de cadavres car il excellait dans l'étude des dépouilles. Véritable médecin légiste avant l'heure, il a mis en place toute une méthode d'étude pour relever le plus d'indices possibles pour résoudre les morts violentes. Dommage qu'il faille suivre tous ses malheurs et supporter son caractère à la fois naïf et impétueux, et surtout insupportable, pendant plus de cinq cent pages... Car l'étude des corps et la reconstruction de la Chine de 1206, elles, sont plutôt réussies, et avec une meilleure structure ce livre aurait été génial.

Si cette chronique mitigée vous a quand même donné envie de le lire, sachez qu'il arrive bientôt en librairie en français, aux éditions Grasset.

Allez donc voir ailleurs si ce livre y est!
Une interview de l'auteur (en espagnol)

mercredi 5 mars 2014

UGC Culte: La Belle et la Bête (1946)

Chronique express!


Encore une belle découverte dans le cadre de l'UGC Culte: La Belle et la Bête de Cocteau, avec Jean Marais dans le rôle de la Bête et Josette Day dans le rôle de la Belle. Si certaines répliques et certains regards langoureux ont décidément vieilli, c'est un beau film à l'univers très particulier et fascinant, qui exploite à fond le noir à blanc. Cocteau n'a peut-être pas eu le choix sur ce point, vue la rareté des films en couleur pendant les années quarante, mais jamais je n'avais trouvé que le noir et blanc constituait un *plus* technique dans un vieux film! Les costumes sont superbes et participent vraiment à l'atmosphère générale, à mi-chemin entre merveilleux et fantastique. L'étrange est très bien amené et souligne bien le côté à la fois attirant et perturbant de ce qu'on ne comprend pas... À voir si on s'intéresse un tant soit peu au cinéma (ou à Anne Rice, qui ne cache pas que ce film a eu une influence déterminante sur son oeuvre! ^^).


lundi 3 mars 2014

Langue de chats (2012)

Chronique express!


Les éditions Parangon proposent dans ce Langue de chats un recueil de textes concernant le bel animal mystérieux et fascinant qu'est le chat. Un cadeau de Noël absolument merveilleux que j'ai vraiment savouré. Apollinaire, Marcel Aymé, Baudelaire, Colette, Gautier, Maupassant, Zola et d'autres encore: côté auteurs, il n'y a que du lourd! Les extraits se répartissent entre Chats littéraires, Chats familiers, Chats diaboliques et d'autres. La célèbre nouvelle de Poe, Le Chat noir, est présente dans son intégralité (et elle passe toujours aussi bien à la quatrième ou cinquième lecture, ce qui prouve bien à quel point elle est de qualité!), tout comme plusieurs fables de La Fontaine (autre belle redécouverte pleine d'humour et de bon sens). Et tous ces chats sont absolument merveilleux, drôles et inquiétants, et toujours dignes et parfaitement en-sor-ce-lants. Un must-have pour tout amateur de félins.

Textes réunis par Florence Tréabol.
Éditions Parangon, 312 pages, 9,50€

Parenthèse sur les éditions Parangon
J'ai déjà lu un livre de cet éditeur, Les Mystères de Marseille de Zola. Leurs livres sont très agréables à prendre en main: le papier est épais et la reliure est suffisamment souple pour ne porter aucune trace de la première lecture. En plus, le prix est très raisonnable. Par contre, leur site ne met en avant que des livres politiques et/ou économiques militants (du genre La France sous sarkophage ^^) et il est difficile d'avoir un aperçu de leurs autres publications, ce qui ne me permet pas de me prononcer sur la qualité de leur ligne éditoriale...

samedi 1 mars 2014

La Chute de cheval (1998)

Après avoir lu L'écuyer mirobolant, j'étais bien décidée à explorer la bibliographie de Jérôme Garcin, écrivain et cavalier. Malheureusement, cette Chute de cheval m'a légèrement déçue.


Avant tout pour un problème stylistique: Jérôme Garcin en fait un peu trop. Il rallonge ses phrases à l'infini et antépose bien trop souvent ses adjectifs à ses substantifs. Un processus joli mais lassant quand on commence à se dire que l'écrivain aime un peu trop se regarder écrire (de même que certains aiment s'écouter parler). S'agissant d'un premier roman, on peut cependant mettre ce défaut sur le compte de l'inexpérience.

Ensuite parce que je me suis sentie un peu éloignée de cette équitations d'écuyers et d'hommes. Certes, il parle aussi des boxes à faire, du crottin sur les bottes, de la sueur et du sable, mais, d'une manière générale, il navigue dans des sphères équestres autrement plus nobles que les miennes... Son milieu social assez huppé a renforcé ce décalage, tout comme l'absence presque totale de figures féminines (je crois qu'il cite une fois sa fille et consacre un paragraphe à sa femme; quant à ses chevaux, je crois qu'il ne cite que des mâles). Quand vous montez surtout des juments dans un club où la dirigeante, cinq des six enseignants et 80% des adhérents sont des femmes, l'univers de Jérôme Garcin paraît assez éloigné.

Mais attention! Je suis très contente d'avoir lu ce livre. Il ne m'a pas autant plu que L'écuyer mirobolant, mais il m'a touchée. Déjà parce que je m'abreuve de chevaux du matin au soir depuis que je remonte et que je ressens le besoin permanent de lire, voir, parler et penser cheval. Quand je l'ai fini, je l'ai refermé à regret, attristée de ne pas pouvoir passer plus de temps avec ces chevaux superbes. J'ai aimé y rencontrer Jean-Louis Gouraud, dont je lis avec intérêt la rubrique dans Cheval Mag (et qui sera de passage au Salon du livre de Paris le mois prochain). J'ai aimé voir que Jérôme Garcin est revenu à l'équitation après vingt ans d'arrêt (vingt ans!!) -- arrêt motivé par le fait que son père est mort en tombant de cheval (d'où le titre) -- et que les chevaux ont pris une place prépondérante dans sa vie, qu'il a d'ailleurs construite avec une femme ayant elle aussi retrouvé sa passion après une longue séparation. "On ne renonce jamais aux chevaux, vous savez": la phrase emblématique de Danse avec lui aurait bien sa place ici.

J'ai aussi aimé qu'il souligne les petites choses qui font le bonheur des cavaliers: caresser le nez tout doux, partir en balade avec un ami, poser les jambes sur les quartiers de selle en fin de séance... Enfin, le livre se conclut par une "Hypothèse d'hippothèque", petite bibliographie d'ouvrages sur les chevaux comprenant aussi bien des traités de haute école que le très populaire Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Un bon point de départ, je pense, pour qui souhaite faire des lectures de qualité sur le sujet. Pour ma part, je pense que ma prochaine lecture équestre sera Corpus Equi, dont j'attends avec impatience la sortie en poche, mais je garde cette Hypothèse sous la main pour plus tard avec grand intérêt.