samedi 25 août 2012

Robert des noms propres (2002)

"Au cours de théâtre, le professeur décida que Plectrude et un de ses camarades joueraient une scène de La Cantatrice chauve. Ce texte intrigua si profondément la jeune fille qu'elle se procura les oeuvres complètes d'Ionesco. Ce fut une révélation: elle connut enfin cette fièvre qui pousse à lire des nuits entières.
Elle avait souvent essayé de lire, mais les livres lui tombaient des mains. Sans doute chaque être a-t-il, dans l'univers de l'écrit, une oeuvre qui le transformera en lecteur, à supposer que le destin favorise leur rencontre. Ce que Platon dit de la moitié amoureuse, cet autre qui circule quelque part et qu'il convient de trouver, sauf à demeurer incomplet jusqu'au jour du trépas, est encore plus vrai pour les livres."

Amélie Nothomb
Robert des noms propres

vendredi 24 août 2012

Les Quarante-Cinq

Enfin, pratiquement deux ans après avoir lu La Reine Margot, j'ai fini la trilogie d'Alexandre Dumas sur les Valois (ou plutôt, disons-le, sur le déclin des Valois).

Les Quarante-Cinq m'a encore plus plu que La Reine Margot et La Dame de Monsoreau. On y voit peut-être mieux que d'habitude où l'auteur veut aller et il ramène sur le devant de la scène des personnages des deux autres livres, ce qui lui permet de le poser -- pendant les trois quarts du livre -- comme une véritable conclusion.

Dommage, en revanche, que tant d'intrigues s'ouvrent à nous dans les dernières pages et surtout que Dumas (et Maquet, n'oublions pas Maquet!!) n'ai(en)t jamais écrit la suite: je brûle d'envie de retrouver Henri III et surtout son bouffon Chicot, qui est le personnage de Dumas que je trouve le plus drôle. GGGRRRRAAA. Il faut en rester là.

Dommage aussi que ce livre n'existe pas en poche (éditeurs, qu'attendez-vous?)


Alexandre Dumas, Les Quarante-Cinq
Éd. Robert Laffont, collection Bouquins, épuisé (environ 25€ auparavant)
1020 pages (contient aussi les adaptations théâtrales des deux premiers tomes, le roman lui-même ne fait que 650 pages)
Disponible chez Omnibus dans une édition à 27,40€ contenant aussi La Dame de Monsoreau

samedi 18 août 2012

Des écrivains chez les écrivains

Il y a une chose qui me fait toujours chaud au cœur lorsque je lis un livre: découvrir une référence ou un clin d’œil à un autre écrivain que je connais et apprécie.

Par exemple, retrouver chez Carlos Ruiz Zafón, l'auteur espagnol de L'Ombre du vent, le nom d'Emilio Salgari, un écrivain italien qui n'est guère connu en France, a éclairé une de mes journées d'avril 2011.

Si la stérilité affectivo-intellectuelle qui caractérise ma triste existence depuis plusieurs années a réduit en poussière mes modestes ambitions écrituresques, je crois que j'aime, le temps d'un paragraphe, voir que mes écrivains préférés et moi, à défaut de faire le même travail, sommes au moins tous lecteurs.

Quelle n'a donc pas été mon émotion, hier soir, en lisant le prologue de Hotline de Luis Sepúlveda et en y trouvant un bel hommage à Alexandre Dumas ainsi que la phrase suivante: "... y en Chile, país lampedusiano, todo cambió para que todo siguiera igual", soit "...et au Chili, pays lampedusien, tout a changé pour que tout reste pareil" [traduction improvisée par moi-même. Il serait intéressant de voir ce qu'a choisi Jeanne Peyras, qui a réalisé la traduction française de ce livre pour les éditions Métailié], un renvoi à la "morale" triste et désabusée du Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, un grand classique de la littérature italienne.

Merci, monsieur Sepúlveda (pour ce passage mais aussi pour vos merveilleux livres, bien sûr).

mercredi 15 août 2012

Blackwood Farm

"But you love books, then," Aunt Queen was saying. I had to listen.
"Oh, yes," Lestat said. "Sometimes they're the only thing that keeps me alive."
"What a thing to say at your age," she laughed.
"No, but one can feel desperate at any age, don't you think? The young are eternally desperate," he said frankly. "And books, they offer one hope–that a whole universe might open up from between the covers, and falling into that new universe, one is saved."

Anne Rice
Blackwood Farm
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vendredi 10 août 2012

Top Ten Tuesday (11)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.


Ouais, bon, je sais, on n'est pas mardi. Passons.

Le thème de cette semaine:
Les 10 meilleures trilogies

Prémisse: J'entends par trilogie une série de trois livres qui se suivent et développent une même histoire, mais dont chaque tome peut, si on souhaite le lire seul, plus ou moins se suffire à lui-même. Le Seigneur des Anneaux, qui est un livre en trois tomes, ne participe donc pas.

1/ Lives of the Mayfair Witches d'Anne Rice: The Witching Hour, Lasher et Taltos (La saga des sorcières en français --quel triste titre--, soit Le Lien maléfique, L'heure des sorcières et Taltos). Parce que The Witching Hour est le livre le plus ambitieux d'Anne Rice et même un des livres les plus ambitieux que j'ai jamais lus en général, et parce que les Mayfair et le mystérieux Lasher m'ont sérieusement perturbée et effrayée. C'était la première fois que je comprenais que Pocket classe les livres de cette écrivain dans la collection Terreur.


À droite, Harry Potter et la Coupe de feu en russe.
(Non, je ne suis malheureusement pas capable de le lire.)

2/ Entretien avec un vampire, Lestat le vampire et La Reine des Damnées d'Anne Rice. En fait, ce n'est pas vraiment une trilogie, d'une part car Anne Rice n'a pas du tout écrit le premier en ayant les deux autres en tête et d'autre part parce qu'ils sont suivis par neuf tomes supplémentaires. Mais il s'agit des trois livres à lire si on veut découvrir ses vampires.

3/ Les Trois mousquetaires, Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne d'Alexandre Dumas. Il faut aller jusqu'au bout une fois qu'on a commencé!

4/ Les Trois Villes de Zola: Lourdes, Rome et Paris. Parce que Zola quoi. Mes avis ici, ici et ici.

Œil de dinosaure anonyme et queue d'Allosaure en poste devant Zola.

5/ Les trois premiers livres de Marion Zimmer Bradley sur Avalon: The Mists of Avalon (1979), The Forest House (aussi publié sous le titre The Forests of Avalon) (1993) et Lady of Avalon (1999). Parce que le premier reprend la légende arthurienne du point de vue des femmes et fait des efforts de vraisemblance historique grandement appréciables et parce que le deuxième est une ré-écriture de l'opéra Norma de Bellini, ce qui est un exercice intéressant.

 Petit Pachyrhinosaurus deviendra-t-il magicien?

6/ La trilogie de Fondation d'Isaac Asimov: Fondation, Fondation et Empire et Seconde Fondation. Là aussi, ce n'est pas tout à fait une trilogie, car ce sont techniquement des recueils de nouvelles. Mais ça doit faire 50 ans que tout le monde l'a oublié, alors ça compte aussi. Mon avis ici.

Tigger Lilly, tu me pardonneras cette blagounette,
mais un dragon qui vit du côté de chez Asimov,
c'est un peu un Dragon Galactique, héhéhé.

Le thème de la semaine prochaine: Les 10 auteurs qui vous ont fait aimer la lecture. Je ne me souviens pas d'une époque à laquelle je n'aurais pas aimé lire, donc je passe mon tour, mais ça en inspirera sûrement beaucoup! :)

jeudi 9 août 2012

Les oreilles de Buster

Les oreilles de Buster de Maria Ernestam faisait partie de la première sélection proposée au comité de lecture de ma médiathèque.

Aussi étonnant que cela puisse paraître,
il y a des roses dans mon salon.

Ce livre est le journal intime d'Eva, une femme âgée de 56 ans qui mène une existence plutôt calme dans la campagne suédoise. Après que sa petite-fille lui ait offert un cahier, elle commence à écrire. Les souvenirs se précipitent et font revivre son enfance et son adolescence sous le joug d'une mère particulièrement odieuse. Le ton est donné dès la première ligne: "J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution."

(Cette introduction m'a furieusement rappelé Happy birthday grand-mère de Valérie Saubade.) (Merci DI de m'avoir revendu le bouquin d'ailleurs!)

La force de ce livre tient dans l'alternance entre des passages platoniques et sentimentaux sur les roses qu'Eva cultive dans son jardin et les passages complètement cruels et glauques. J'ai ricané de plaisir tout du long, avec une jouissance particulière lors de l'entrée en scène de Buster (et de ses oreilles, héhéhéhé). Un vrai coup de cœur qui donne envie de creuser dans la littérature suédoise contemporaine.

Allez donc voir ailleurs si ce livre y est!
La chronique d'une lectrice du comité sur le blog de ma médiathèque

Maria Ernestam, Les oreilles de Buster
Traduit du suédois par Esther Sermage
Éd. Gaïa, 409 pages, 24€.