jeudi 24 novembre 2016

The Rats in the Walls (1923) + The Outsider (1921)

Pendant que je lisais Les Rats de James Herbert, je pensais forcément à la nouvelle Les Rats dans les murs de Lovecraft, un des premiers textes de cet écrivain qui m'a donné quelques sueurs froides juste après avoir éteint la lumière au moment du coucher. Il faut dire que j'habitais seule à l'époque, dans un studio charmant mais humide et mal entretenu qui se prêtait assez bien, à sa manière, à l'horreur cosmique...


Les Rats dans les murs est un nouvelle typique de Lovecraft et de ce que je considère comme le fantastique du XIXe, même si elle date en réalité du XXe. Peut-être parce qu'elle se passe en Angleterre, dans un vieux château/manoir de famille perdu dans la campagne, et est racontée à la première personne. Le fait est qu'elle me semble venir dans la droite lignée de Poe et Maupassant. Mais c'est aussi un texte bien lovecraftien à cause des références de la fin, de la confusion qui s'en dégage parfois (le narrateur a perdu l'esprit, bien sûr!), du côté un peu répugnant de la chose et de son style unique. Personne ne sait manier l'ensemble "adverbe + adjectif"' en anglais comme Lovecraft, je vous le dis!

"a tragedy of intensely hideous, though largely unexplained, nature"

D'ailleurs, Lovecraft est le roi de l'adjectif tout court, il est vraiment trop fort pour choisir le petit mot qui va bien pour montrer combien tout est sombre, sordide, répugnant, dangereux: "frightened reticence and cloudly evasiveness", "the hideous tale of Mary de la Poer", "a subterraneous world of limitless mystery and horrible suggestion". Et puis, qui d'autre pour employer, en anglais, autant de mots d'origine latine, comme "subterraneous" ci-dessous et "antideluvian"? :D Ca donne un coté archaïque à son écriture et c'est parfait pour ces textes où l'on entrevoit des choses terriblement anciennes – dangereusement anciennes pour tout dire.

Les Rats dans les murs est (à mes yeux, évidemment) diablement efficace; je trouve que l'atmosphère est très bien posée et qu'il y a réellement de quoi perdre la tête une fois qu'on s'enfonce dans les ténèbres du souterrain découvert par notre narrateur sous la demeure de ses ancêtres anglais. Et puis il y a ce dernier paragraphe brillant, absolument parfait dans son crescendo, qui vous suggère indéniablement, après vous avoir redirigés un instant vers la thèse de la folie, que c'est bien vers la thèse du surnaturel qu'il faut pencher...

Les rats ne sont pas très présents dans cette nouvelle, mais ils contribuent nettement à l'atmosphère et je les ai trouvés plus inquiétants que chez Herbert...


The Outsider est quant à lui un de mes textes préférés de Lovecraft, raison pour laquelle je l'ai relu cette fois-ci encore. Je crois que la chute devient claire assez vite pour un lecteur aguerri, mais c'est l'atmosphère étouffante et gothique de damnation éternelle qui me plait.

"I know not where I was born, save that the castle
was infinitely old and infinitely horrible;
full of dark passages and having high ceilings
where the eye could find only cobwebs and shadows."

Comment résister à ça? C'est Halloween tous les jours dans un endroit pareil, c'est Entretien avec un vampire dans la crypte des Contes de la crypte...

Ca fait toujours du bien de relire Lovecraft en tout cas; ça me rappelle ce que j'aime stylistiquement, ça donne le petit frisson que j'aime tant pendant la mauvaise saison et pour tout vous dire ça me rappelle même ce que j'aimerais, moi, écrire! Je devrais vraiment me caler une nouvelle de lui de temps en temps dans mon programme de lecture...

Précédemment sur ce blog...
Je vous ai déjà parlé de Lovecraft ici 

8 commentaires:

  1. Mouhahaha, j'ai lu cette nouvelle Les rats dans les murs. Je n'en ai AUCUN souvenir XD Mais je dois toujours avoir le bouquin, aux éditions mille et nuits, qui traine quelque part.
    Tu fais des lectures très "rats" en ce moment, qu'est-ce qui se passe ? :p

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    1. Haha il faut relire alors :)
      Il ne se passe rien, c'est juste que les rats d'Herbert m'ont fait penser à ceux de Lovecraft :) Ça s'arrête là car je ne connais aucune autre œuvre avec des rats. À part Ratatouille quoi. ^^

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  2. Je viens de lire Poe, je suis prêt à me plonger dans les écrits de Lovecraft, que je n'ai que trop peu lus.
    Et tous ces adjectifs me font envie ! :D

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    1. Trop bien Lorhkan! Je lirai tes chroniques avec grand intérêt. Et si les adjectifs te font envie, tu devrais apprécier!! :D

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  3. Voilà qui me fait voir sous un autre angle l'album jeunesse de Gaiman qui s'appelle "Des loups dans les murs" xD

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    1. HO!!! Peut-être une référence? Ça parle de quoi? Est-ce qu'il y a des élevages louches dans un souterrain?

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    2. Connaissant Gaiman ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas référence. Après il y a juste vraiment des loups dans les murs dans cet album ^^

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    3. Haha énorme. :) Chez Lovecraft, ce n'est pas tout à fait certain, enfin il y en a mais ce n'est pas possible, tu vois...

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