lundi 21 novembre 2016

The Rats (1974)

Un peu d'horreur en ce mois de novembre... Pour profiter du mauvais temps et des nuits longues...

J'ai lu James Herbert il y a très très longtemps, quand j'avais quinze ans, avec La Conspiration des fantômes, un livre qui m'avait franchement traumatisée. Je pense que j'étais trop jeune (dans ma tête du moins!) pour lire quelque chose de vraiment morbide et surtout trop "innocente" pour l'aspect sexuel de la chose. Encore maintenant, je ne peux penser qu'avec un gros malaise au viol perpétré par un fantôme...

Mais bon Herbert est très connu, Les Rats est son livre le plus connu et je suis tombée sur cette belle édition à 4€ dans le coin "fins de série" d'une librairie de Dublin, je ne pouvais pas passer à côté.


Cette histoire d'invasion de rats mangeurs d'homme dans l'East End de Londres se lit vite et facilement, comme me l'avait d'ailleurs signalé Tigger Lilly, et n'est pas si effrayante que ça. Bien sûr, ces rats géants et intelligents provoquent un peu d'inquiétude, notamment avec la manière dont ils regardent fixement et étudient les gens... Mais ça n'empêche pas non plus de dormir. C'est plutôt de l'horreur sanguinolente. On grince un peu des dents en voyant les gens se faire dévorer vivants par une horde de rats puants.

Il y a néanmoins un aspect intéressant, qui est de donner le pouvoir à une bestiole que les sociétés modernes ignorent assez royalement: le rat planqué dans les égouts, qu'on ne voit jamais mais qui est rapide et intelligent, se reproduit rapidement, connaît le sous-sol bien mieux que nous et voit dans le noir. La force brute du nombre en quelque sorte, vu les multitudes de vermine qui font leur apparition! Il y a une vraie peur ancestrale à exploiter ici. Ça n'a pas tout à fait pris avec moi car ma vision du rat tient plus de Ratatouille. Je trouve ça mignon. Il m'est difficile donc d'imaginer des rats diaboliques avec de grandes dents. Mais il y a vraiment quelque chose d'intéressant.

En revanche, le livre présente un aspect humain très marqué qui m'a surprise et que j'ai beaucoup apprécié, avec une multitude de personnages bien croqués en peu de pages, auxquels on a réellement le temps de s'attacher avant qu'ils vu qu'ils ne disparaissent en hurlant sous les corps poilus. Le héros est un peu banal mais sympa, c'est le héros ordinaire qui se retrouve confronté à une situation ingérable et fait de son mieux pour faire face. Je n'ai pas ressenti une grande empathie pour lui cependant, j'ai vraiment été plus marquée par les personnages secondaires qu'on rencontre juste avant qu'ils ne meurent.

Un autre aspect intéressant: l'East End des années soixante ou soixante-dix est presque post-apocalyptique, puisqu'on y trouve encore des zones ravagées par les bombes de la Seconde Guerre mondiale. L'attaque des rats contre les SDF et les quartiers défavorisés prend d'ailleurs clairement une dimension métaphorique. La vermine ravage les lieux défavorisés dont la municipalité ne veut pas s'occuper, les pauvres meurent les premiers.

Une critique maintenant: la vision de la femme dans ce livre est sidérante. Je pense notamment à l'attaque du collège où enseigne le héros. Les collégiennes "risquent de devenir hystériques" ou "sont au bord de l'hystérie", le héros conseille aux autres profs de "réunir les filles à l'abri et de demander aux garçons d'aider les profs". Lors de l'attaque du métro, les deux femmes quittent leurs pensées, entièrement consacrées à des hommes et à l'amour, pour s'en remettre au passager mâle situé le plus près d'elles, qui va les guider et les sauver. Quant à la compagne du héros, elle n'est pas cruche mais ne prend aucun rôle actif dans l'intrigue et est complètement en retrait – sauf quand il s'agit d'explorer "the little mound of hair between her thighs" et de caser des scènes de sexe qui ne servent à rien...

Dommage aussi pour la fin. On n'a pas trop d'explication sur ce rat blanc bicéphale qui représente le sommet de l'horreur mais sort on ne sait trop d'où. J'aurais aimé en savoir plus sur les nouveaux rats et leur intelligence, ça aurait pu donner une touche plus effrayante à la fin.

Les Rats a été suivi de deux autres romans, que je ne pense pas lire malgré le plaisir que j'ai eu à lire celui-ci. Les résumés de Wikipédia me laissent en effet croire qu'il y a eu beaucoup de redite.

Un petit mot, enfin, sur l'état du bouquin: la librairie devrait peut-être faire attention à ses locaux, on dirait bien que mon exemplaire a été grignoté... Comme si des rats étaient passés par là...

6 commentaires:

  1. Waaah une préface de Neil Gaiman ! (oui j'ai vu ça avant de voir la couverture mangée, ce qui est d'ailleurs une sacrée coïncidence... t'es sûre que c'est pas fait exprès ? xD)

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    1. Ha mais j'ai oublié de dire que la préface ne sert à rien en fait, à part à nous dire que Neil considérait James comme un ami. :(
      Haha si si je pense que c'est fait exprès, c'était une blaguounette... Ce qui est drôle, c'est que je n'ai pas vu ce découpage quand je l'ai acheté. Du coup, quand j'ai commencé à le lire, j'ai vraiment cru, quelques secondes, que j'avais acheté un bouquin en super mauvais état. XD

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  2. A moins que des rats soient sortis de ton livre pour le grignoter durant la nuit :p

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    1. Ce qui est possible aussi vu leur intelligence!! :D C'est peut-être ça, les bruits chelous que j'entends la nuit...

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  3. Oh my god, la place de la femme. Je n'avais aucune conscience de ça en lisant ce bouquin quand j'étais ado.
    Excellent la couv' grignotée.

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    1. Moi non plus. Je me demande si la Conspiration des fantômes est mieux. XD
      Héhé :)

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