vendredi 20 février 2015

Cinquante nuances de Grey (2014)

À la base, je n'avais pas prévu de chroniquer Cinquante nuances de Grey avec un billet dédié. Ce film étant plutôt oubliable, il avait atterri dans ma Gamelle de février. Mais l'adaptation du livre d'E. L. James fait couler beaucoup d'encre et j'ai constaté au cours des derniers jours qu'on écrit beaucoup d'absurdités à son propos. Du coup, j'ai voulu le défendre...


Mon avis: une bonne surprise!

Bon, il faut dire que mes attentes étaient plutôt basses. ^^ J'avais feuilleté un des livres à Londres et j'en avais tiré l'impression qu'il s'agissait d'un roman Harlequin. Quand la trilogie est arrivée en France, on a beaucoup critiqué la plume de l'auteur et on a beaucoup dit que c'était très chaste par rapport à d'autres livres érotiques, notamment Histoire d'O. Du coup, mon avis est resté le même et je n'ai jamais lu le(s) livre(s).

Au final, le film s'est révélé beaucoup plus "fin" que je ne m'y attendais. (Fin est un grand mot, mais vous voyez l'idée...)

Déjà, l'acteur qui joue Grey est suffisamment charismatique pour que la fascination qu'il exerce sur Anastasia soit crédible; et je dois dire que ses yeux gris, qu'ils soient des originaux ou des lentilles, sont très prenants. Le fait qu'il ne soit pas, à proprement parler, si beau que ça est aussi intéressant, car c'est vraiment son calme et son charisme qui opèrent.

La mise en scène est très soignée. Vous allez rire, mais ce film est réellement pensé en  nuances de gris. Seattle semble la plus grise des villes. Les intérieurs épurés de Grey sont monochromes et mats. Tout est glacial et impersonnel. Les buildings, la décoration sont modernes, le verre et l'acier se mélangent et ne véhiculent aucune chaleur humaine. Pas très gai, mais efficace et adapté.

Un gros bon point pour la musique, enfin plutôt les chansons, qui donnent du rythme à l'ensemble et soulignent bien certaines scènes. Le remix de Crazy in Love est assez hypnotique: je me suis ruée sur Deezer pour l'écouter en rentrant chez moi. (La partition de Danny Elfman, en revanche, ne m'a guère marquée.)

Et en plus, il y a un peu d'humour, léger certes, mais rafraîchissant (Anastasia ivre qui appelle Christian et l'imite: "Come to me, Anastasia; no, stay away from me, Anastasia...").

Tout ça pour dire qu'on ne s'ennuie pas. Ce n'est que sur la fin que la relation "je t'aime moi non plus" des deux protagonistes m'a agacée.


Pour ce qui est du clou du film, les scènes de sexe, et bien ce n'est pas si sulfureux que ça. C'est assez propret en quelque sorte. Mais, dans le le contexte des blockbusters hollywoodiens, ce film est très osé (on voit même des poils pubiens!!), et je suis étonnée qu'il soit seulement interdit aux moins de douze ans: j'ai vu des films érotiques de M6 bien plus chastes qui étaient pourtant interdits aux moins de seize ans...

Pour conclure, il faut quand même dire que Cinquante nuances de Grey est un film tout à fait dispensable. C'est vraiment une histoire d'amour culcul en fait. Mais il est assez cohérent et bien pensé pour qu'on y croie. On ne s'ennuie pas et ce n'est pas la daube intergalactique à laquelle je m'attendais. Mon jugement aurait peut-être été plus dur si j'avais payé ma place 10€, mais avec mon abonnement j'ai été plutôt contente de le voir. On regrettera cependant que Jennifer Ehle ait atterri là car cette actrice mérite des films d'un bien autre acabit.

Mon énervement face aux critiques

Il est clair que Cinquante nuances de Grey a quelque chose d'absurde.

Citons par exemple la passion qui ravage le corps d'Anastasia au moindre contact de Christian, qui est tout sauf crédible malgré le sex-appeal considérable du jeune homme. Pensons aussi à la primauté absolue de la relation amoureuse ou sexuelle sur le reste de la vie des personnages (on ne saura rien des études d'Anastasia ou du travail de Christian). Sans oublier l'explication simpliste qui se devine sous la passion SM de Christian (le pauvre petit a eu une enfance malheureuse et compense en exerçant la domination, et puis il a été blessé très profondément le pauvre, alors il refuse l'amour, il en a peur, il se défend de tomber amoureux, il refuse de s'engager, toussa, mais au fond il ne demande que ça).

Il est clair aussi qu'il s'agit d'un film "de riches". Grey est carrément millionnaire, mais Anastasia et sa colloc ne sont pas à plaindre (beaux apparts spacieux, voiture personnelle). Et d'un film "de Blancs" et "de minces": le seul personnage non-blanc est le meilleur copain latino d'Anastasia, secrètement amoureux d'elle (qui ne s'en doute aucunement, bien sûr, car elle n'a aucune forme de conscience de son propre sex-appeal), et je crois qu'il n'y a pas de gros.

Il est clair aussi qu'Anastasia fait plus d'efforts que Christian pour que leur relation se mette en place, puisque c'est elle qui se penche sur ses demandes et qui va jusqu'à accepter d'être fouettée pour voir si la relation qu'il lui propose peut lui convenir.

De là à dire que ce film est mysogine, dégradant pour les femmes, raciste et capitaliste, et qu'il fait l'apologie des violences conjugales, je crois cependant qu'il y a un fossé qu'on ne peut franchir qu'avec beaucoup de mauvaise foi.

Et c'est donc pour ça que j'ai rédigé ce billet. Parce que ça m'énerve de lire autant d'absurdités bien pensantes de gens qui, s'ils ont au moins le bon sens de ne pas s'offusquer du sexe, vont quand même chercher très loin des raisons de cracher sur le film qu'il est de bon ton de détester ce mois-ci.

Je ne vois pas en quoi un film sur deux amants blancs, jeunes et sexy, est raciste. Évidemment que Hollywood est à la traîne et qu'on ne voit jamais de couples "mixtes". Évidemment que j'aimerais parfois voir des corps non parfaits, histoire de me sentir moins grosse et moche. Mais le débat dure depuis des années et ce film-ci n'y change rien, ni en bien ni en mal...

En fait, ce qui m'énerve, c'est cette idée que la mise en scène d'un certain type de personnages est une critique des personnes différentes des héros. À ce rythme-là, on n'a qu'à dire que Buffy contre les vampires est islamophobe parce que le seul personnage dont on connait la religion avec certitude, Willow, est juive... Comment peut-on raisonner comme ça?


Évidemment, aussi, j'aimerais voir au cinéma plus de personnages féminins intelligents et courageux dont la seule préoccupation n'est pas le Couple. Mais Anastasia a au moins le mérite de prendre le temps de réfléchir et de prendre la décision qui lui paraît la plus juste, même si celle-ci va à l'encontre de ses sentiments. Et, derrière ses airs fragiles et son rôle de Vierge, c'est elle qui est présentée comme la plus forte, psychologiquement parlant, des deux personnages. Ça ne va pas chercher bien loin, certes. Mais je préfère encore ça à l'Indienne de La nuit au musée 3, qui ouvre à peine la bouche... Sauf que personne ne souligne la misogynie (enfin, à mon avis plutôt la phallocratie, mais passons) de La nuit au musée 3...

Quant à la manie de contrôle de Christian, qui est présentée exactement comme cela, je ne vois pas non plus en quoi elle fait l'apologie des violences conjugales. Il va la voir une fois sur son lieu de travail; est-ce du harcèlement? Il géolocalise son téléphone; nous dit-on qu'il a eu raison de le faire? Il lui achète une voiture et un ordinateur; est-elle contente? Il pique une crise parce qu'elle part quelques jours chez sa mère sans le prévenir; accepte-t-elle cette crise? Renonce-t-elle à ce voyage? Bein non. Ta-da. Anastasia va voir sa maman même si son mec ne veut pas...

Ce billet étant devenu interminable, je conclurai en disant qu'il ne faut pas chercher du sens diabolique là où il n'y en a pas. Cinquante nuances de Grey est juste une histoire d'amour culcul (plus que cul) entre gens glamour. Ce n'est ni plus ni moins réducteur qu'une comédie romantique...

Le truc que j'ajouterai quand même, histoire de rire:

Mis à part un petit glaçon que j'ai trouvé fort bouillant, Cinquante nuances de Grey m'a donné moins de papillons dans le ventre que Jupiter Ascending...... Parce que Channing Tatum avec des ailes...... C'était trop!

9 commentaires:

  1. Ah, Channing, j'ai vu aussi :)
    Contente de lire un avis un peu différent sur Grey, mais je crois que je n'irai malgré tout pas le voir. Cette histoire ne m'intéresse décidément pas.
    Blackhat vient de sortir ! Ah, Chris...

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    1. Pour Channing, hip hip hip! ^^
      Non, je pense que ça ne vaut pas le coup de voir Grey au ciné. Peut-être un jour sur petit écran histoire de savoir.
      Blackhat a l'air pas mal en effet!
      Sinon Chris joue aussi dans une histoire de baleine, In the heart of the sea, mais j'ai quelques réserves.

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  2. Arf cela ne me donne pas plus envie d'aller le voir (ni de lire le livre), je n'aime pas les histoires d'amour cucul de toute façon lol

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    1. Lol ! Tu as bien raison. Comme je disais plus haut, ça peut être intéressant de le voir "pour savoir", mais en soi ce n'est pas du tout un film immanquable.

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  3. Alors vu que Channing Tatum avec des ailes ça m'a fait pouffé de rire, je n'ose imaginer ma tête devant ce film (en même temps déjà la bande annonce me donne envie de fuir).

    Ceci dit par rapport aux critiques, je ne sais pas si tout le monde sait que ce roman était à l'origine une fanfiction Twilight alternate universe (et à te lire on retrouve bien les persos principaux, d'ailleurs j'avais vu une infographie qui montrait bien les points communs), ça n'a rien de surprenant qu'il garde les mêmes défauts que son univers d'origine ^^.

    (mais bon c'est sûr qu'on a sûrement des films plus intéressants sur lesquels polémiquer, j'imagine que celui-là dans 10 ans, tout le monde l'aura oublié parce qu'on aura fait "pire")

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    1. Haha moi c'est le côté albinos qui m'a pas trop plu. La barbe fait vraiment fausse je crois. Mais les ailes j'ai approuvé.
      Mais oui pour Twilight, OUI, tellement OUI, en fait je voulais le dire, mais ça faisait trop méchant dans un billet que je voulais quand même publier en défense du film: c'est une fan fiction de Twilight, et déjà Twilight ça vole bien bas, qu'est-ce qu'on peut en attendre? Ceci étant, j'ai trouvé Anastasia moins irritante que Bella.
      D'ailleurs je crois que les deux sagas ont le même rôle symbolique de traitement du sexe - y ajouter un élément "autre", un peu étrange et en tout cas inquiétant, pour justifier la "peur du sexe" qui peut s'emparer de tout un chacun et la traiter par le traitement de l'autre truc. Enfin je ne sais pas si c'est clair. En gros, je pense que nos héroïnes exorcisent la peur du sexe en découvrant, acceptant et s'appropriant un truc qui le symbolise, le vampire ou le SM.
      Mais peut-être que je vais chercher trop loin dans l'inconscient des auteurs en fait.

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  4. Si seulement les gens pouvaient s insurger comme ça à chaque film pour bon petit bourgeois blanc hétérosexuel avec une image désastreuse de la femme, on aurait peut être droit à un cinéma plus diversifié... Clairement ces critiques sont d une hypocrisie à faire peur...

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  5. Si seulement les gens pouvaient s insurger comme ça à chaque film pour bon petit bourgeois blanc hétérosexuel avec une image désastreuse de la femme, on aurait peut être droit à un cinéma plus diversifié... Clairement ces critiques sont d une hypocrisie à faire peur...

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    1. Il faudrait leur montrer Transformers 4 HAHAHAHAHAHA
      **rire nerveux**

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