dimanche 21 octobre 2012

Les Mystères de Marseille (1867)

Roman de jeunesse de Zola, Les Mystères de Marseille a été publié en feuilleton dans le journal Le Messager de Provence. Il est ensuite sorti en un tome unique.



Zola explique très clairement dans sa préface qu'il a écrit ce roman pour des raisons financières: "C'était en 1867, aux temps difficiles de mes débuts. Il n'y avait pas du pain chez moi tous les jours."

Ce qui est amusant avec ce bouquin, c'est que le format feuilleton en fait une oeuvre complètement à part dans la production zolienne. Ici, pas de descriptions et pas de travail stylistique, seulement des faits, des faits et encore des faits dans des chapitres très courts portant un titre très explicite. Exemples de ces titres:

Chapitre 1: Comme quoi Blanche de Cazalis s'enfuit avec Philippe Clayol
Chapitre 2: Où l'on fait connaissance du héros, Marius Clayol
Chapitre 3: Il y a des valets dans l'église

L'histoire: Comme les titres cités ci-dessus le laissent entendre, Blanche de Cazalis, nièce d'un riche député, s'enfuit avec son amant Philippe Clayol. Lorsque M. de Cazalis réussit à remettre la main sur eux, Blanche est bien entendu enceinte. Philippe Clayol est jugé et condamné à la prison ainsi qu'à être exposé publiquement sur une place de Marseille. Son frère Marius, le vrai personnage principal, réussit cependant à organiser son évasion, puis à récupérer son enfant (avec l'aide de Blanche, qui ne veut pas que son fils grandisse près de son oncle, un homme égoïste et amoureux de l'argent qui souhaite garder la fortune de Blanche pour lui).

Je ne vous ai résumé ici qu'un quart de l'intrigue, vous voyez donc le niveau de vraisemblance et de romanesque. Du jamais vu chez Zola! ^^ Et franchement ce n'est pas désagréable. Certains thèmes récurrents dans ses livres, comme les inégalités sociales ou la malhonnêteté, sont déjà présents, mais ils sont traités beaucoup plus légèrement, et il y a un plus grand nombre de personnages sympathiques que d'habitude. Zola y présente aussi de nombreuses affaires et scandales financiers dont l'éditeur lui a fourni les résumés des tribunaux. L'idée est valable, mais le procédé devient un peu lourd à force de voir Marius rencontrer un nouvel arnaqueur à chaque chapitre: dommage.

À la fin du livre, le lecteur rejoint les insurgés sur les barricades de 1848, trois ans avant les évènements de La Fortune des Rougon. Un petit paragraphe qui m'a fait rire:

"En face de ces éléments républicains, faibles et désunis, se trouvaient deux camps puissants: les légitimistes, qui riaient tout bas de la chute de Louis-Philippe, espérant profiter de la bagarre pour ressaisir le pouvoir, et les conservateurs, la foule des commerçants qui réclamaient la paix à tout prix, quel que fût d’ailleurs le maître, roi légitime ou usurpateur. Ces derniers ne souhaitaient ardemment qu’une liberté: la liberté de gagner des millions."

Évidemment, si vous n'avez jamais lu Zola ou ne devez lire qu'un seul de ses livres, ce n'est pas ici qu'il faut commencer; mais c'est une lecture agréable et originale pour ceux qui le connaissent déjà.

Éditions Parangon, 15€, 349 pages

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